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L'HOMME À LA CAMÉRA, film de Dziga Vertov

Si le jeune Denis Kaufman (1895-1954) se choisit un pseudonyme à la résonance futuriste, c'est qu'il entend ne pas ressembler aux « cinéastes, troupeau de chiffonniers qui fourguent assez bien leurs vieilleries ». Épris de modernité, intimement convaincu par l'utopie communiste, il assigne au cinéma un rôle tout autre que de se substituer, fût-ce avec talent, au théâtre bourgeois. De ses premiers films sur la guerre civile jusqu'aux obscurs films éducatifs et scientifiques de la fin de sa vie, il resta fidèle à une idée du cinéma, qui s'apparente au documentaire et aux actualités, mais y ajoute toujours une touche poétique et personnelle, et s'assimile à un art de l'essai. L'Homme à la caméra, réalisé à la veille du passage au parlant, est le plus abouti de ces essais ; c'est même un manifeste du « ciné-œil », ce cinéma purifié de toute tentation théâtrale que Vertov a prôné, et pratiqué.

Vivez tranquilles, le « ciné-œil » veille !

Une journée dans une grande ville soviétique, de l'aube au crépuscule, observée par un « homme avec une caméra » qui est le héros du film. Il part au travail tandis que tout dort encore, et nous fait découvrir les différents aspects de la ville moderne. L'industrie en marche, le mariage, le divorce, la naissance et la mort, un accident du travail et les secouristes, la fin du travail, le sport et les loisirs : autant de séquences, parfois de véritables saynètes, enchaînées et entremêlées. Mais en même temps, l'homme à la caméra nous fait une démonstration de l'art du cinéaste. On le voit en train de tourner, on suit le film dans la salle de montage, et même, jusque dans la salle de cinéma où il enchante les spectateurs qui se voient tels qu'en eux-mêmes. Le tout culmine dans un tourbillon d'images, où l'espace et le temps sont dépassés et recréés.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, directeur d'études, École des hautes études en sciences sociales

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Autres références

  • CINÉMA (Aspects généraux) - Les théories du cinéma

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    • 5 396 mots
    • 2 médias
    ...mouvement était très puissant en Union soviétique, où l'arriération de l'industrie conduisait à l'exaltation de la technique et de la poésie de la machine. Le héraut du futurisme dans la théorie et la pratique du cinéma sera Dziga Vertov (1895-1954). Il vient des actualités et développe une théorie qui correspond...