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L'HOMME DANS L'UNIVERS

La paléontologie humaine ou paléoanthropologie n'a guère plus de deux siècles, même si l'homme se pose des questions sur son origine depuis qu'il est conscient, mais cette jeune science ne s'est véritablement construite qu'au xxe siècle. Après qu'elle eut installé le berceau de l'humanité en Afrique tropicale, d'où ont surgi un à un les préhumains, elle a étudié le peuplement de la Terre ainsi que la succession des inventions des hommes.

La datation de tous ces événements a permis de dresser l'histoire de l'homme et de tisser des liens avec celle de la Terre et celle de l'Univers commencée il y a 15 milliards d'années. Tandis que l'histoire de l'homme s'intégrait à celle de la vie et celle de la vie à celle de la Terre, du système solaire, de la Voie lactée et de l'Univers, les progrès de la biochimie, de la biologie moléculaire et de la génétique permettaient aux chercheurs de connaître l'« intimité » de leurs fossiles (os et dents) en apprenant à y lire les structures, les tissus, les cellules et les molécules.

Avant de bâtir la vaste fresque de l'histoire de l'homme, il a fallu chercher ces fossiles, les trouver bien sûr puis les décrire, les dater et les interpréter. Mais le grand bouleversement du xxe siècle s'est en fait opéré dans les mentalités. On a appris le temps : la vie sur la Terre et ses 4 milliards d'années, l'homme au sein de l'histoire de la vie et ses 3 millions d'années. On a appris l'espace : la toute petite taille de la planète Terre, dans l'immensité d'un système stellaire parmi des milliards d'autres. On a aussi appris l'étonnante unité de l'Univers et celle de la vie sur la Terre, la filiation des êtres vivants qui constituent un unique et immense arbre phylétique auquel, naturellement, nous appartenons. On a enfin appris l'analogie entre les atomes de notre corps et ceux des étoiles, l'analogie entre les cellules de nos tissus et celles des premiers êtres vivants, l'analogie entre certains de nos comportements et certains de ceux des grands singes. À la fin du xxe siècle, toutes ces « extravagantes » constatations ont fini par se faire accepter, même si cela n'a pas toujours été facile.

Au cours de ce troisième millénaire, pourra-t-on comprendre ce qui pousse la matière à se compliquer et s'organiser sans cesse depuis 15 milliards d'années ? Nous pourrons ainsi gérer, en meilleure connaissance de cause, l'évolution de la matière pensante, la nôtre, matière soumise aux lois de la biologie mais conquérante par sa connaissance cumulée d'une certaine liberté qui ne devrait demander, naturellement ou culturellement, qu'à grandir.

— Yves COPPENS

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur au Collège de France