L'HOMME DE FER, film de Andrzej Wajda
Né en 1926, Andrzej Wajda termine l'école de cinéma de Lodz après la Seconde Guerre mondiale. Son deuxième long-métrage Kanal (1957), prix spécial du jury, le révèle déjà à Cannes. Puis avec Cendres et diamants (Popiól i diament, 1958), il s'affirme comme le cinéaste de la mémoire polonaise. L'Homme de fer (Czlowiek z zelaza), palme d'or en 1981 à Cannes, s'inscrit dans la continuité de L'Homme de marbre (Czlowiek z marmuru, 1976), déroulant l'histoire d'une famille d'ouvriers jusque dans les années 1970. Mais L'Homme de fer est aussi une tentative unique, dans le cinéma de l'Est, de rendre compte de l'histoire au présent. Rallié aux ouvriers de Solidarité, Wajda tourne au cours de l'hiver 1980-1981 dans les chantiers navals en grève de Gdansk. Rétrospectivement, la proclamation de l'état de guerre en Pologne en décembre 1981 conférera à ce film une auréole symbolique.
Épopée contemporaine
En août 1980, le journaliste Winkel est engagé par la télévision polonaise pour enquêter sur Maciek Tomczyk, leader de la grève des chantiers navals à Gdansk, et discréditer ce dernier. Mais Winkel se laisse peu à peu gagner par l'enthousiasme du mouvement social. Il rencontre Tomczyk et apprend la mort tragique de Birkut, le père de celui-ci, ouvrier modèle de l'époque stalinienne (et héros alors de L'Homme de marbre). Ce dernier a mystérieusement disparu après les grèves de 1970. Hanté par le souvenir de son père, Tomczyk a abandonné ses études pour suivre sa trace. Devenu un « homme de fer », il ne cède ni aux pressions ni aux brimades, et reprend le flambeau des luttes ouvrières. Tomczyk est soutenu par sa femme Agnieska, qui incarnait une réalisatrice à la recherche de Birkut dans L'Homme de marbre. Winkel rencontre Agnieska lorsqu'elle est emprisonnée pour activités subversives contre l'État. Se ralliant à leur cause, Winkel décide de renoncer à son investigation. Rien désormais ne pourra arrêter le mouvement social. La commission gouvernementale et le comité de grève concluent finalement un accord. Les grèves des chantiers navals ont ainsi contraint le pouvoir à reconnaître et à légaliser le premier syndicat indépendant en Pologne. L'histoire s'arrête aux portes du chantier naval.
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Écrit par
- Kristian FEIGELSON : maître de conférences, sociologue à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média