L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE, film de John Ford
Si l'on excepte un épisode de La Conquête de l'Ouest (How the West Was Won, 1963), tourné peu après par Ford, c'est le dernier western d'un homme qui en avait réalisé un grand nombre, au cours d'une quarantaine d'années. Le titre, délibérément sans originalité, se calque sur un schème banal, L'Homme qui..., L'Homme au... ; John Ford (1894-1973) se rattrape sur le nom, inattendu, de la victime, Liberty. C'est aussi un western réalisé après que, dans les années 1950, la critique a largement fait le point sur ce genre, et entamé son deuil. Cependant, tout indique que Ford tenait à ce film ; après avoir lui-même acheté les droits de la nouvelle de Dorothy Johnson, il s'engagea personnellement pour la moitié du budget de production. La critique française, qui à l'époque n'appréciait guère ce réalisateur jugé lourd et incurablement américain, passa à côté d'un film qui devait devenir le plus populaire de son auteur pour des jeunes gens moins nourris de westerns – tandis que La Prisonnière du désert (The Searchers, 1956) devenait le film de référence de plusieurs réalisateurs.
Le pied-tendre, le dur à cuire et l'outlaw
Le sénateur Ransom Stoddard, une personnalité, et son épouse Hallie arrivent par le train dans la petite ville de Shinbone ; à la surprise générale, le motif de leur voyage est l'enterrement d'un certain Tom Doniphon. Interrogé par des journalistes, Stoddard raconte alors son histoire. Jeune avocat, sa diligence est attaquée par un bandit, Liberty Valance. Il trouve refuge et un emploi de serveur chez les parents de Hallie, la famille Ericson, qui tiennent une auberge à Shinbone. Des élections vont désigner les représentants du territoire, et Stoddard donne aux électeurs des leçons sur la démocratie, malgré les menaces de Valance, aux ordres des « barons » du bétail. Avec l'aide de Doniphon, qui a déjà abattu un homme de Valance, les élections se déroulent jusqu'au bout ; l'avocat et le journaliste sont élus représentants de la ville, à la fureur du bandit. Valance donne rendez-vous à l'avocat le soir même. Le duel a lieu, et Stoddard serait inévitablement tué, si Doniphon, caché, ne tuait le bandit au moment décisif. Un peu plus tard, Stoddard sera élu gouverneur du territoire, après que Doniphon lui aura révélé secrètement la vérité sur la mort de Liberty Valance. Tom Doniphon, dans l'aventure, a perdu la jeune femme qu'il aimait : elle épouse l'avocat. Ce récit authentique est unanimement jugé inférieur au récit légendaire, et tous conviennent de ne jamais dévoiler la vérité .
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Écrit par
- Jacques AUMONT : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, directeur d'études, École des hautes études en sciences sociales
Classification
Autres références
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L'HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE (J. Ford), en bref
- Écrit par Joël MAGNY
- 226 mots
John Ford (1894-1973) fut l'un des artisans majeurs de la mythologie du Far West, avec des films comme Le Cheval de fer (1924), La Chevauchée fantastique (1939) ou La Poursuite infernale (1946). Dans L'Homme qui tua Liberty Valance (1962), il reprend la thématique qui fonde le western...