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L'HOMME UNIDIMENSIONNEL. ESSAI SUR L'IDÉOLOGIE DE LA SOCIÉTÉ INDUSTRIELLE AVANCÉE, Herbert Marcuse Fiche de lecture

Une pensée critique paradoxale

En dépit de sa salutaire mise en garde contre la société d'abondance, L'Homme unidimensionnel, procédant souvent par répétitions et amalgames, assoit essentiellement sa démonstration sur le registre émotif, allant de l'angoisse que provoque la vision eschatologique de la répression technologique à la sérénité séduisante de la réforme politico-spirituelle des conditions d'existence. À côté des infidélités conceptuelles aux penseurs que Marcuse sollicite et du caractère hypothétique de certaines affirmations (la philosophie analytique complice de l'ordre social), l'argumentation, fondée sur la conspiration inconsciente et le déterminisme anonyme des structures, se voue aux causalités circulaires et aux contradictions qui ne peuvent être imputées à la seule dialectique : ainsi de la technique à la fois aliénante et libératrice ou encore de la raison, d'un côté « nécessairement dominatrice », et, d'un autre, conçue dans le cadre d'une utopie qui se veut réaliste, comme une esthétique de vie.

L'ouvrage valut à son auteur une célébrité internationale qui fit de lui un des porte-parole de la nouvelle gauche américaine. Lors des événements de la fin des années 1960 en France, toute une génération se réclama du maître à penser de « la société sans opposition » qui négligeait la force des mouvements sociaux au profit de l'inertie consensuelle des masses.

— Éric LETONTURIER

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Écrit par

  • : docteur en sociologie, D.E.A. de philosophie, maître de conférences à l'université de Paris V-Sorbonne

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Média

Marcuse - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

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