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L'IMAGE RÉVÉLÉE (exposition)

Le titre de l'exposition, L'Image révélée. Premières photographies sur papier en Grande-Bretagne (1840-1860), présentée au musée d'Orsay du 27 mai au 7 septembre 2008 est aussi ambigu qu'il est évocateur. S'agissant de la photographie, et plus précisément de son histoire, le rapprochement avec le procédé du révélateur, auquel on associe l'image mécanique et chimique, joue sur l'acception plus courante de la mise au jour. Le sous-titre de l'exposition qui précise qu'il s'agit des premières photographies sur papier en Grande-Bretagne laisse penser qu'il y aurait eu des épreuves photographiques sur papier ailleurs qu'en Angleterre, en l'occurrence en France, puisque les deux pays ont longtemps revendiqué la naissance de la photographie sur leur sol. Rappelons que l'Anglais Thomas Wedgwood (1771-1805) imagine, dès 1802, de placer une surface sensible à la lumière au fond d'une camera obscura afin d'en capter les images. Le grand apport de Nicéphore Niépce (1765-1833) a été de parvenir à fixer en 1827 l'image, c'est-à-dire de l'empêcher de s'effacer par l'action de la lumière nécessaire à son observation. L'héliographie de Niépce intéressa Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851). Une collaboration proposée dès 1826 prit effet avec l'acte d'association signé en 1829. La mort de Niépce laissait Daguerre poursuivre ses recherches et mettre au point un procédé original, le daguerréotype qui, à un rendu remarquable de finesse, ajoutait une réduction considérable du temps de pose de plusieurs heures à quelques minutes. Le daguerréotype, dont François Arago avait fait la présentation officielle et la divulgation technique devant l'Académie des sciences le 19 août 1839, connut un succès mondial qui ne se maintint qu'une dizaine d'années avant de se voir supplanter par les procédés à l'albumine puis au collodion.

La nouvelle de l'invention de Daguerre traversa la Manche dès janvier 1839 et déconcerta l'Anglais William Henry Fox Talbot (1800-1877) dont les propres recherches, entreprises en 1833, avaient abouti en 1835 à un procédé sur papier sensibilisé à la lumière et noircissant sous son action. Le négatif obtenu était dupliqué par une seconde exposition sur le même papier sensibilisé vierge, de manière à fournir une épreuve positive que Talbot appelle d'abord « dessin photogénique », puis, en 1841 « calotype » ou « belle empreinte ». L'image, moins fine que le daguerréotype, présentait sur lui deux avantages : elle était redressée et non plus inversée comme à travers un miroir, et elle était reproductible à l'infini au lieu de constituer un exemplaire unique.

L'exposition organisée par la National Gallery of Art de Washington et le Metropolitan Museum of Art de New York, en association avec le musée d'Orsay à Paris, a été conçue par Roger Taylor, Malcolm Daniel et Sarah Greenough sous le titre original Impressed by light, British Photographsfrom Paper Negatives, 1840-1860. Le public pouvait y voir quelque cent vingt épreuves sur papier réalisées dans les années 1840-1850, et provenant essentiellement des deux institutions américaines, du National Media Museum de Bradford et de collections privées. En France, on ne connut un rassemblement comparable de pièces que lors de l'Exposition universelle de Paris en 1855, organisée non loin de ce qui était à l'époque la gare d'Orsay, au palais de l'Industrie du Champ-de-Mars.

L'exposition montre comment, à la suite de Talbot qui plaçait le calotype dans une perspective artistique avant d'en faire un défi d'invention, nombre de photographes anglais ont préféré le procédé négatif-positif papier au daguerréotype pourtant triomphant. Leur attachement au rendu singulier que produisait[...]

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