L'ŒUVRE, Émile Zola Fiche de lecture
Publiée en 1886 chez Charpentier après avoir paru en feuilleton dans la revue Gil Blas, L'Œuvre occupe une place un peu à part au sein des Rougon-Macquart. Cette singularité ne tient ni aux personnages ni au milieu évoqué : Claude Lantier est le fils de Gervaise, déjà rencontré dans L'Assommoir et Le Ventre de Paris, et, dès 1869, Émile Zola (1840-1902) avait eu le projet d'« un roman qui aura pour cadre le monde artistique ». Mais l'implication personnelle de l'auteur, dont la projection autobiographique est ici très nettement perceptible, confère à ce livre une tonalité particulière. Comme le confesse Zola, dans une lettre adressée à son ami Henry Céard, « c'est un roman où mes souvenirs et mon cœur ont débordé ».
Itinéraire d'un peintre « raté »
L'Œuvre est le récit d'une quête impossible. Comme souvent chez Zola, le roman obéit à une structure binaire qui renvoie à l'inéluctabilité d'un destin. Les cinq premiers chapitres racontent la rencontre et l'amour naissant entre Claude Lantier, peintre de l'« école nouvelle », et Christine, jeune provinciale égarée à Paris. Parallèlement, nous est présenté le groupe d'artistes auquel appartient Claude, parmi lesquels Sandoz, l'écrivain ami d'enfance, Dubuche, futur architecte, le peintre Fagerolles, qui passera plus tard à l'ennemi, le sculpteur Mahoudeau, et Bongrand, artiste consacré admiré du petit cénacle. Dans cette première partie, scandée par les visites de Christine à l'atelier et les réunions chez Sandoz, règne sinon le bonheur, du moins une effervescence créatrice pleine de promesses : « Dès qu'ils étaient ensemble, le peintre et l'écrivain en arrivaient d'ordinaire à cette exaltation. Ils se fouettaient mutuellement, ils s'affolaient de gloire. » Au Salon des refusés, Claude expose une grande toile, intitulée Plein air, qui suscite les moqueries. À la suite de cet échec, Claude et Christine partent s'installer à la campagne. Au cours de cet intermède qui dure près de trois ans, un enfant naît, Jacques. Mais Claude s'ennuie et le couple rentre à Paris, où il retrouve le groupe, à présent miné par les dissensions et les trahisons. Le peintre se lance alors dans une recherche éperdue du chef-d'œuvre. Il multiplie les tentatives, en vain : ses œuvres sont refusées au Salon, et désespèrent leur auteur. À cela s'ajoutent bientôt les difficultés financières, puis la misère. Le petit Jacques meurt, inspirant à son père une toile, L'Enfant mort, qui est reçue au Salon mais n'intéresse personne. Incapable d'achever le grand tableau parisien sur lequel il s'acharne depuis des mois, Claude finit par se pendre. Le roman s'achève avec l'évocation de ses funérailles.
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
Classification
Média