LA BELLE ET LA BÊTE, film de Jean Cocteau
En 1930, Jean Cocteau (1889-1963), écrivain, poète, dramaturge, peintre, dessinateur, réalise Le Sang d'un poète. Aussitôt assimilé aux films surréalistes de Buñuel et de Dalí (Un chien andalou, 1929, L'Âge d'or, 1930), ce film sera vu dans le monde entier ; aux États-Unis, il influencera toute une génération de cinéastes indépendants, et Maya Deren ou Kenneth Anger s'en inspireront. Quinze ans plus tard, après avoir « fait ses classes » en participant notamment, en 1943, à la réalisation de deux films qu'il avait écrits, Le Baron fantôme (Serge de Poligny) et L'Éternel Retour (Jean Delannoy), Cocteau dirige un long-métrage de fiction, d'un genre tout différent, qui inaugure une série de films singuliers, inclassables dans une école ou un style, mais qui, eux aussi, exerceront une grande fascination sur de jeunes cinéastes, en particulier ceux qui, tels Jacques Rivette et Jean-Luc Godard, furent d'abord critiques.
Un conte de terreur et de séduction
L'histoire se passe quelque part en France, à l'âge classique. Un veuf d'âge mûr a trois filles et un fils ; la plus jeune des filles, Belle, est traitée par ses deux sœurs comme une servante ; Avenant, l'ami de son frère, qui est amoureux d'elle, est un chenapan. Au retour d'un voyage d'affaires, le père s'égare et pénètre dans un château enchanté ; le maître des lieux, une bête effrayante, lui enjoint, s'il veut sauver sa vie, de lui envoyer sa plus jeune fille. Belle se rend au château, où la Bête lui offre le mariage. Au bout de quelque temps, la jeune fille obtient la permission de retourner voir son père, malade. Son frère et Avenant décident de partir tuer le monstre, mais tandis qu'ils sont en route, la Belle aperçoit dans un miroir magique la Bête en proie à une vive souffrance. Elle retourne au château, où elle la trouve agonisante mais encore en vie. Au même moment, Avenant, qui pénètre par effraction dans un pavillon du parc, est tué d'une flèche par une statue de Diane ; aussitôt, la Bête se transforme en prince – qui a exactement le visage d'Avenant. Il épousera la Belle et l'emmènera dans son royaume.
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Écrit par
- Jacques AUMONT : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, directeur d'études, École des hautes études en sciences sociales
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Médias