Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LA BOHÈME (G. Puccini)

De la polémique au triomphe

Le succès très relatif de La Bohème à ses débuts étonne aujourd'hui quand on sait que l'ouvrage a constitué et constitue encore l'un des opéras les plus joués dans le monde. Le contexte culturel contrasté de l'époque, qui brouille les attentes du public, explique sans doute cet échec. Le 22 décembre 1895, Toscanini avait créé au Teatro Regio la version en italien du Crépuscule des dieux de Wagner. Si l'on a reproché ses longueurs à l'opéra wagnérien, on n'a pas manqué, à l'opposé, de considérer comme trop concise l'œuvre de Puccini, qui pourtant avait fait siens, dans Manon Lescaut (1893), son premier chef-d'œuvre, quelques principes wagnériens, notamment grâce à un emploi mesuré du leitmotiv. Deux tableaux déplurent particulièrement : le deuxième et le troisième, qui recèlent précisément les pages les plus novatrices de l'opéra. Ensuite, la fameuse querelle de Puccini avec Ruggero Leoncavallo, pur représentant de l'école vériste qui avait également composé une Bohème qui sera créée le 6 mai 1897 à La Fenice de Venise, au lieu de susciter l'intérêt du public, s'est retournée contre Puccini : le mélange de lyrisme sentimental, d'intimisme presque romantique et d'impressionnisme musical, étrangers aux principes de l'esthétique vériste, a quelque peu dérangé. Ce sont pourtant ces traits caractéristiques, alliés à une orchestration raffinée, à une veine mélodique très riche et très sûre, à une utilisation habile de motifs récurrents ainsi qu'à un remarquable équilibre dramatique, qui lui confèrent tout son charme et toute son émotion.

— Timothée PICARD

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure et de Sciences Po Paris, assistant à l'université Marc Bloch (Strasbourg), critique musical

Classification

Média

Victoria de Los Angeles - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Victoria de Los Angeles