Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LA CHRONIQUE DE TRAVNIK, Ivo Andrić Fiche de lecture

C'est en 1942, dans Belgrade occupée par les nazis, alors que les réfugiés affluent et que les communautés s'entre-déchirent qu'Ivo Andrić rédige La Chronique de Travnik. Elle sera publiée à Belgrade en 1945 en même temps que Le Pont sur la Drina et La Demoiselle.

Une chronique de la Bosnie au XIXe siècle

Située à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Sarajevo, Travnik, où l'auteur a vu le jour en 1892, a longtemps été la capitale administrative de la Bosnie sous contrôle ottoman. Petite bourgade, apparemment paisible, vivant au rythme des ordres des vizirs de la Porte et dont les communautés musulmane, catholique, orthodoxe et juive coexistent tant bien que mal, Travnik semblait avoir été oubliée de l'Histoire lorsque, « au dernier vendredi du mois d'octobre de l'année 1806 », la rumeur agite un petit cercle de notables : Napoléon, alors en Dalmatie, est prêt à envoyer un consul en Bosnie !

C'est au tout début de l'année 1807 que Jean Daville (de son vrai nom David, selon les archives consultées à Paris par Andrić) s'installe avec sa famille, son adjoint, Des Fossés, et son escorte dans la petite capitale blottie au fond d'une vallée encaissée. Mal accueilli à son arrivée par une population hostile par principe aux étrangers, le consul découvre un monde qui a tout pour dérouter ses habitudes et ses convictions. Daville préfère se jeter sur la rédaction d'une grande épopée en vers consacrée à Alexandre le Grand que de s'intéresser réellement à ce qui se passe sous ses yeux. Ce qui le fait entrer en conflit avec Des Fossés. Plus jeune, celui-ci s'enthousiasme, en archéologue ou en ethnologue, pour les richesses d'un monde qui se cachent sous des apparences difficiles à percer. Simultanément, les Autrichiens installent un autre consul, von Mitterer (de son vrai nom von Misserer et dont Andrić put lire les archives à Vienne), dans ce « trou perdu ». Lui aussi entre en conflit avec les autorités ottomanes fort méfiantes et calculatrices. Lui aussi partage un sentiment d'exil qu'il transforme, malgré les récriminations de son épouse, en faisant front et aux ambitions napoléoniennes et aux volontés ottomanes de conserver les acquis de plusieurs siècles d'occupation.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • ANDRIĆ IVO (1892-1975)

    • Écrit par
    • 1 938 mots
    • 1 média
    La Chronique de Travnik reprend, une fois encore, les mêmes données, mais dans un sens différent : deux consuls, l'un français, l'autre autrichien, envoyés en mission dans une ville de Bosnie au temps des guerres de Napoléon, se trouvent jetés dans un monde étranger et quittent un milieu civilisé pour...