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LA CIVILISATION DE LA RENAISSANCE EN ITALIE, Jacob Burckhardt Fiche de lecture

Une lecture esthétique de la culture de la Renaissance italienne

Vers 1862-1864, Burckhardt travaille à un ouvrage portant sur l'histoire de l'art de la Renaissance. La Civilisation de la Renaissance en aurait été en quelque sorte l'introduction, car l'art y paraît sans cesse en creux, comme si tout ce qui était analysé des comportements et des croyances, des curiosités et des idéaux des Italiens n'en était qu'une explication anticipée. Il s'en approche continuellement en parlant des mécènes, des fêtes et de leurs parades et machineries, du théâtre et de ses décors, du costume et des modes, de l'ambition de paraître, du luxe et du faste, de l'obsession de rivaliser avec les antiques, de l'invention d'instruments de musique, des commodités et de la régularité des habitations, du goût de la nature et de l'essor du portrait (littéraire). C'est que le cœur de sa recherche est la volonté esthétique (Kunstwollen) des individus comme des groupes sociaux, volonté qui les pousse à s'observer, à se donner des normes et des modèles, à se cultiver, dans tous les sens du terme. C'est cette effervescence créatrice de nouveaux rites, de nouvelles formes, de nouveaux thèmes, de nouveaux personnages que Burckhardt dépeint avec une jubilation visible et qui le pousse bien souvent à déprécier le Moyen Âge ou le nord de l'Europe qui lui servent de termes négatifs de comparaison.

Détestant l'esprit de système hégélien, Buckhardt laisse à son lecteur le soin, délicat, de rassembler ses notations éparses et d'en tirer des idées plus générales. L'une d'elles semble être que, dans de nombreux aspects de la civilisation de la Renaissance, l'écrit a précédé l'expression plastique, la culture humaniste a suscité les inventions artistiques. Une autre a été plus souvent commentée : la place centrale de l'individu s'émancipant de certaines contraintes collectives, fuyant l'anonymat et cherchant la gloire, se prenant pour son propre objet à construire et embellir. D'où cette affirmation pleine d'assurance qui résume l'esprit de l'ouvrage : « Les Italiens ont été les premiers de tous les Européens qui aient eu l'idée et le talent de peindre exactement l'homme historique au physique et au moral. »

— Martine VASSELIN

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence

Classification

Média

L'Ospedale degli Innocenti, Florence - crédits :  Bridgeman Images

L'Ospedale degli Innocenti, Florence

Autres références

  • BURCKHARDT JACOB (1818-1897)

    • Écrit par
    • 1 605 mots
    La Civilisation de la Renaissance en Italie, publiée en 1860, constitue la meilleure illustration de ce qu'il entendait par histoire de la culture. Il ne s'agit pas d'une narration chronologique, mais du tableau d'une civilisation située dans l'espace et le temps, considérée comme une unité dont les...