LA COMÉDIE HUMAINE, Honoré de Balzac Fiche de lecture
Le premier roman signé Balzac (1799-1850) est paru en 1829 : c'est Le Dernier Chouan, qui deviendra Les Chouans en 1834. Le titre La Comédie humaine vient à Balzac en 1840, sans doute inspiré par La Divine Comédie de Dante. Titre nouveau qui remplace celui d'Études sociales envisagé en 1834. Le premier volume de La Comédie humaine paraît en 1842 chez l'éditeur Furne, le dix-septième et dernier en 1848. Sous ce titre d'ensemble se trouvent regroupés les quelque soixante-dix romans, contes ou nouvelles publiés en volumes séparés avant 1842, et vingt autres publiés en volumes ou en revue de 1842 à 1848. Un dix-huitième volume, posthume, fut publié chez Houssiaux, le successeur de Furne, en 1855, rassemblant La Dernière Incarnation de Vautrin (quatrième partie de Splendeurs et misères des courtisanes), L'Initié (deuxième partie de L'Envers de l'histoire contemporaine), Les Paysans et Petites Misères de la vie conjugale. En 1845 avait été imprimé un prospectus de La Comédie humaine annonçant un total de vingt-six tomes qui auraient compté cent trente-sept titres : les titres des ouvrages « qui restaient à faire », soit quarante-sept, étaient indiqués en italique. Balzac mourut avant de les avoir écrits.
Une somme romanesque
La Comédie humaine ne représente, en volume, qu'à peine la moitié de l'œuvre de Balzac. Mais elle est la somme romanesque qui témoigne de la réelle volonté d'unité de son auteur. Unité esquissée dès l'origine et, pour finir, sur le point d'atteindre son but. Dès 1828, Victor Morillon, auteur fictif et avatar romanesque de Balzac, déclarait dans l'Avertissement du Gars, premier titre des Chouans : « Cet ouvrage n'est qu'une des pierres de l'édifice que l'auteur essaiera d'élever » et espère qu'une « première assise » pourra « donner l'idée de la construction générale ». Le même vocabulaire se retrouve en 1842 dans l'Avant-Propos de La Comédie humaine, qui propose une immense chronique sociale : « Si Buffon a fait un magnifique ouvrage en essayant de représenter dans un livre l'ensemble de la zoologie, n'y avait-il pas une œuvre de ce genre à faire pour la société ? »
En l'espace de ces quatorze ans, plusieurs étapes ont marqué l'avancement de la réflexion et la progression vers un vrai système. Tout d'abord l'idée de Scènes : le mot apparaît en 1830 avec les Scènes de la vie privée, groupement de six nouvelles, auxquelles viennent s'adjoindre six autres textes en 1832. En 1833, nouveau progrès : à ces Scènes de la vie privée, s'ajoutent – signe de continuité mais aussi de diversification – de nouvelles Scènes, les Scènes de la vie de province et les Scènes de la vie parisienne, les trois Scènes étant regroupées sous un même chapeau : Études de mœurs au XIXe siècle. En 1834, une deuxième série d'Études paraît : les Études philosophiques, où se regroupent les Romans et contes philosophiques parus en 1831, accompagnés de quelques autres œuvres.
Balzac a dès lors mis au point toute la structure de l'édifice, qu'il expose à Mme Hanska dans une lettre du 26 octobre 1834. En bas, la vaste assise des Études de mœurs, réparties entre les différentes Scènes : ces Études représentent les « effets sociaux ». Au-dessus, les Études philosophiques, qui en indiquent les « causes ». Enfin, couronnant le tout, les Études analytiques, qui en recherchent les principes ». « Et, sur les bases de ce palais, moi enfant et rieur, j'aurai tracé l'immense arabesque des Cent Contes drolatiques. » Deux mois plus tard, dans l'Introduction aux Études philosophiques, Félix Davin, dont la plume est sans doute guidée par Balzac, précise que les Scènes de la vie privée illustrent « des fautes commises moins par volonté[...]
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Écrit par
- Maurice MÉNARD : professeur émérite à l'université du Maine, Le Mans
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20 mai 1799 Naissance de Balzac à Tours.
18 mai 1804 Napoléon Bonaparte devient empereur des Français.
1807 Balzac entre au collège des Oratoriens, à Vendôme. Il y restera six années.
1814 En novembre, la famille Balzac s'installe à Paris.
1815-1830 Restauration.
1816 Commence des études...
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