LA COUSINE BETTE, Honoré de Balzac Fiche de lecture
Avant-dernier roman d'Honoré de Balzac (1799-1850), paru en feuilleton en 1846, La Cousine Bette forme avec Le Cousin Pons le diptyque des Parents pauvres. Composées simultanément, les deux œuvres présentent d'importants parallélismes. Toutes deux « Études de mœurs » et « Scènes de la vie parisienne », elles mettent au premier plan un célibataire, déshérité par la nature, n'ayant jamais été aimé, vivant en marge de parents éloignés qui le dédaignent mais sur la destinée desquels il exercera une influence décisive. Leur différence toutefois est que là où Le Cousin Pons décrit le complot qui écrase un vieux garçon, La Cousine Bette raconte la vengeance d'une vieille fille contre sa famille. En outre, si Pons demeure un personnage central, Bette se voit peu à peu reléguée au second plan, éclipsée par l'acharnement de ceux qu'elle veut punir à être leurs propres bourreaux.
La vengeance d'une femme
Vieille fille laide et revêche, Lisbeth Fischer, dite Bette, vit dans l'ombre de la famille de sa cousine Adeline. Celle-ci est l'épouse du baron Hulot d'Ervy, frère d'un maréchal d'Empire et directeur, en 1838, au ministère de la Guerre. Malgré ce beau mariage, Adeline vit dans la gêne et ne sait comment doter sa fille Hortense. Elle demande son aide au beau-père de son fils, Crevel, un ancien parfumeur parvenu qui, séduit par sa beauté, lui offre de l'argent en échange de ses faveurs. Outrée, elle refuse. Crevel lui révèle alors la vie dépravée de son époux qui dilapide sa fortune pour entretenir des courtisanes.
Bette a recueilli Wenceslas, un jeune artiste polonais qui, dans la misère, allait mettre fin à ses jours, et le surveille « avec la tendresse d'une mère, la jalousie d'une femme et l'esprit d'un dragon ». Elle confie son secret à Hortense et lui donne un cachet sculpté par son protégé. Éblouie, celle-ci tombe amoureuse de l'artiste. Le baron Hulot s'emploie à faire la fortune du jeune homme et lui accorde la main de sa fille. Abandonné par sa maîtresse Josépha, il s'est entiché d'une piquante créole, Valérie Marneffe, qui habite la maison de Bette. C'est par elle que celle-ci apprend le projet de mariage entre Hortense et Wenceslas. Folle de rage et de douleur, elle jure de mener la famille Hulot à sa perte. Valérie, avec qui elle scelle un pacte, sera l'instrument de sa vengeance.
Dénuée de tout scrupule, aidée par un mari complaisant, celle-ci entreprend de ruiner le baron et l'humilie en devenant aussi la maîtresse de Crevel et en s'affichant avec un ancien amant, Montès, un riche Brésilien. Enfin, pour parachever la vengeance de Bette, elle séduit Wenceslas qui abandonne sa femme pour elle. Afin de financer ses folies, Hulot a expédié en Algérie l'oncle de sa femme pour qu'il y monte des affaires douteuses. Mises au jour, celles-ci risquent de susciter un scandale. Pour sauver son mari et payer ses dettes, Adeline s'offre « comme une prostituée » à Crevel qui la repousse. Atteint par le déshonneur, le maréchal Hulot décède, au grand désarroi de Bette qui rêvait de l'épouser. Privé d'appui, le baron est contraint de démissionner et abandonne sa famille. Veuve de Marneffe, Valérie se marie avec Crevel, mais tous deux, empoisonnés par Montès, meurent dans d'atroces souffrances. Leurs biens passent à la famille Hulot qui retrouve tout son lustre, tandis que Bette disparaît sans avoir pleinement accompli sa vengeance. Le baron, quant à lui, persévère dans son vice. Après avoir entretenu de jeunes ouvrières, il est revenu vivre auprès de sa femme, mais courtise la fille de cuisine qu'il promet d'épouser une fois veuf. Ayant surpris les propos de son mari, Adeline est foudroyée par une commotion.
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Écrit par
- Philippe DULAC : agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieure
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