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DERNIÈRE MODE LA

Les huit numéros de l'éphémère journal de Mallarmé, La Dernière Mode, écrits en 1874, constituent un délectable monologue sur l'élégance féminine. Ils furent réédités en 1933 par S. A. Rhodes et reproduits en fac-similé aux éditions Ramsay en 1978. Le mystère des conditions de création de ce périodique exceptionnel est éclairci par l'ouvrage de Jean-Pierre Lecercle, Mallarmé et la mode, publié en 1989 à la librairie Séguier. Il serait né de la rencontre de voisinage de Mallarmé, soucieux depuis 1872 d'éditer une revue mensuelle intitulée L'Art décoratif, et de Charles Wendelen. Ce dernier, gérant des Modes de la saison (journal satellite de la Saison, édition française de la revue berlinoise Die Modenwelt), éditait des gravures depuis 1873 et cherchait un directeur littéraire. Mallarmé s'était assuré la collaboration de ses amis parnassiens : Sully Prudhomme, Théodore de Banville, E. des Essarts. Ce qui frappe dès l'abord, c'est la nouveauté de la mise en pages. Il est indéniable que Mallarmé voulait faire partager son goût pour la typographie. Il y fait allusion et vante le garamond ou l'italique employé dans certaines rubriques. En revanche, les rares gravures sur bois d'E. Pecqueux sont assez médiocres, mais elles ne sont qu'un élément du jeu de Mallarmé avec les blancs, les paragraphes, les textes occupant deux pages, qui double le jeu de miroirs provoqué par les rubriques tenues par Marguerite de Ponty, Miss Satin ou Marasquin (allusion peut-être au héros alors célèbre de Gozlan), multiples masques de Mallarmé lui-même. En dépit d'une couverture réalisée par Edmond Morin dans le style de La Vie parisienne, le contenu ne séduisit pas assez le public pour que la feuille survive au-delà du 24 novembre 1874 (en 1882-1883, La Vie élégante, avec des dessins de Félicien Rops, eut une durée aussi brève). À prix égal, on lui préféra des revues plus illustrées et plus pratiques. L'Aquarelle mode semble avoir été son plus grand concurrent ; d'abord recueil de lithographies éditées par le dessinateur-imprimeur Léon Sault, elle fut augmentée d'un texte rédigé par Anna-Maria de Lomaria. Cette dernière tenta, d'ailleurs sans succès, de ressusciter La Dernière Mode, qui cessa de paraître le 22 mai 1875.

— Françoise TÉTART-VITTU

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Écrit par

  • : diplômée d'études approfondies d'histoire de l'art, chargée de mission au musée de la Mode et du Costume, palais Galliera

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