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LA FAMILLE DE PASCUAL DUARTE, Camilo José Cela Fiche de lecture

Poids du déterminisme social

« Un ossuaire d'espérances mortes » : c'est ainsi, avec la lucidité du désespoir, que Pascual définit sa vie. Prisonnier de son milieu social, déterminé par son hérédité, il sent peser sur lui la déchéance comme une malédiction ; il ne peut résister à l'instinct de tuer et il n'aura été qu'un criminel, qui commence ainsi sa confession : « Moi, monsieur, je ne suis pas mauvais, et les raisons pourtant ne me manqueraient pas pour l'être. »

S'il se situe dans la tradition du naturalisme de Zola, illustré surtout en Espagne par trois grands écrivains, Benito Pérez Galdós, Clarín et Emilia Pardo Bazán, Cela, dans ce premier roman, accentue jusqu'à l'outrance la noirceur des êtres qu'il dépeint. La qualité de l'écriture donne à ce récit de déchéance et d'horreur un relief étonnant. Reprenant avec autant de naturel que de richesse lexicale et idiomatique le parler populaire, ne forçant jamais le ton dans les scènes les plus brutales, maîtrisant l'expression jusqu'au dépouillement, laissant se manifester avec une sorte de pudeur insolite de violents élans de tendresse dans le cœur de Pascual, le style et la langue de ce roman en font un chef-d'œuvre du genre.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Autres références

  • CELA CAMILO JOSÉ (1916-2002)

    • Écrit par
    • 1 545 mots
    • 1 média
    La Familia de Pascual Duarte (La Famille de Pascual Duarte, 1942) est le récit écrit en prison, par un paysan d'Estrémadure, condamné à mort pour le meurtre de sa mère. À la mémoire du narrateur tout affleure, impitoyablement : l'enfance de misère, les parents monstrueux, la sœur prostituée, le frère...