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LA FASCINATION DE L'ANTIQUE(exposition)

Il faut saluer la double réussite d'une exposition et de son livre-catalogue, dont la complémentarité est exemplaire. L'exposition La Fascination de l'Antique, 1700-1770 s'est tenue au musée de la Civilisation gallo-romaine, à Lyon, du 20 décembre 1998 au 14 mars 1999. Cent soixante objets, peintures, dessins, sculptures, mosaïques, fragments antiques, intailles, recueils gravés étaient intelligemment présentés. La disposition, section par section, selon un parcours à la fois chronologique et thématique, se reflète dans le beau catalogue publié par les éditions Somogy sous la direction de Joselita Raspi Serra et François de Polignac, commissaires de l'exposition. Est-ce une coïncidence si celle-ci avait lieu l'année où les bronzes de la Couronne, comprenant plusieurs antiques, étaient montrés au Louvre, où l'une des sections de l'exposition des TrionfidelBaroccoà Stupinigi était consacrée à la villa d'Hadrien, objet par ailleurs d'une exposition parisienne à la mairie du Ve arrondissement et d'un colloque à la Sorbonne à l'automne de 1999, en même temps qu'étaient publiés les actes du colloque Pajou, dans lesquels les années romaines du sculpteur et ses copies d'antiques jouent un rôle important ?

Si le projet correspond avec précision à l'intérêt des chercheurs, sa mise en scène comme son organisation étaient originales dans le choix des œuvres comme dans sa conception et son déroulement. Le sous-titre du livre-catalogue, Rome découverte, Rome inventée,en définit le sujet : histoire et évolution d'un mythe et de ses supports pendant trois quarts de siècle. La chronologie et les catégories se recoupent astucieusement, de sorte que les grandes figures (Albani, Caylus, Winckelmann…), les sites célèbres (villa d'Hadrien, ruines du Palatin, fresques Rospigliosi, musée du Capitole), les artistes influents (Piranèse, Pompeo Batoni, Edme Bouchardon, L.-S. Adam, H. Robert, Charles-Louis Clérisseau, R. Adam…) reviennent à plusieurs reprises, à des dates et dans des rôles différents. À partir de la symbiose momentanée (1720-1730) entre archéologie, érudition et collectionnisme, toutes les approches sont abordées : prélats et antiquaires, curieux et marchands, écrivains et artistes, Italiens, Anglais, Allemands et Français, selon un schéma qui part des fouilles, de leur place dans les écrits et dans les œuvres pour aboutir à une idée et à une image de l'Antiquité que l'on appellera le néo-classicisme. De la Galerie de vues de la Rome antique de Giovanni Paolo Pannini à la représentation par Johan Zoffany de Charles Townley et des amis dans sa galerie de Park Street, Westminster, c'est le parcours de l'Antiquité au xviiie siècle, entre rêve et science, entre découverte, invention et recréation.

Pour cette démonstration, les auteurs avaient réuni des objets provenant de diverses collections européennes, dont un grand nombre jamais exposés, voire publiés : ainsi la série des dessins par Pompeo Batoni, Francesco Bartoli, Giovanni Domenico Campiglia exécutés pour le « musée de papier » de Richard Topham, conservés à Eton College, ainsi les bronzes de la collection Capponi, au Museo Nazionale Romano, ou encore des sculptures de Versailles, ou certains dessins provenant de Besançon, du Firzwilliam Museum de Cambridge (Clérisseau) ou du RIBA, Londres (Robert Adam), sans oublier une étonnante dactyliothèque (collection d'empreintes de pierres gravées et de camées). Des juxtapositions ou parallèles astucieux étaient proposés : ainsi l'Antinoosdu Capitole, dont on montrait l'étude cotée par Nollekens et une copie en marbre, le groupe d'Éros et Psyché, à travers le marbre du Capitole, un dessin de Batoni et celui d'Hubert Robert, une aquarelle de Bartoli et une gravure de Carloni pour le Recueil[...]

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