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LA GRANDE DÉSILLUSION, Joseph Stiglitz Fiche de lecture

Une gestion inadaptée des crises financières

Au-delà de leur soutien à des politiques de développement contestables, les institutions internationales ont également failli, selon Stiglitz, dans la gestion des crises économiques et financières qui ont jalonné les années 1990. En Asie du Sud-Est, dans les économies en transition ou dans les pays d'Amérique latine, la lutte contre l'inflation, au prix de l'austérité budgétaire et du maintien des taux d'intérêt à des niveaux élevés, a contribué à l'affaiblissement de la demande interne, compromettant du même coup la reprise de l'économie mondiale.

Dans ce contexte, après avoir suscité tant d'espoirs, la mondialisation nous condamne-t-elle au désenchantement ? À cette question, Joseph Stiglitz répond par la négative. D'une part, l'expérience de pays tels que la Malaisie, la Pologne ou encore la Chine, qui se sont engagés dans des voies alternatives, montre que des politiques graduelles, prenant en compte des spécificités économiques et sociales des pays, peuvent conduire à des résultats encourageants. D'autre part, l'analyse des crises internationales et des politiques de développement a moins remis en question la légitimité de l'intervention des États ou des organisations internationales que les modalités de leur action. De fait, des réformes apparaissent nécessaires. À cet égard, Stiglitz propose quelques pistes de réflexion afin de corriger les effets déstabilisateurs de la mondialisation. Parmi celles-ci, la mise en place d'une réglementation bancaire adaptée aux spécificités de chaque pays capable de contenir les risques liés à une libéralisation excessive des marchés de capitaux et de garantir la solvabilité du système bancaire, ou encore l'élaboration d'une loi sur les faillites permettant d'axer la gestion des crises davantage sur les restructurations d'entreprise que sur le droit des créanciers. Autre piste avancée, la réforme des institutions internationales, avec notamment une redéfinition plus restrictive de leur champ d'action et une amélioration de la transparence dans le processus de décision. Loin de céder au désenchantement, l'ouvrage de Stiglitz, par les voies de réformes qu'il propose pour améliorer l'efficacité de la politique économique, contribue à redonner à cette dernière ses lettres de noblesse.

— Anne DEMARTINI

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