Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LA GRANDE VADROUILLE, film de Gérard Oury

Élève du cours Simon, Gérard Oury (1919-2006), né à Paris, intègre le Conservatoire en 1938, puis il devient pensionnaire à la Comédie-Française où Édouard Bourdet lui confie le rôle de Britannicus. L'occupation allemande le contraint à poursuivre sa carrière de comédien à Genève. Il revient en France en 1945 et s'intéresse au cinéma où il interprète de petits rôles dans Antoine et Antoinette (1947) de Jacques Becker ou Le Passe-Muraille (1950) de Jean Boyer, avec Bourvil dans le rôle principal. Il signe en 1957 avec André Cayatte un premier scénario Le Miroir à deux faces, puis Babette s'en va-t-en guerre réalisé par Christian-Jaque en 1959, une comédie burlesque sur fond de Seconde Guerre mondiale qui anticipe La Grande Vadrouille. Son passage derrière la caméra date de 1959 avec la comédie policière La Main chaude, puis il tourne La Menace, en 1960, et Le crime ne paie pas en 1961. Mais c'est Le Corniaud (1965), avec la paire formée par Bourvil et Louis de Funès, qui le consacre en tant que réalisateur populaire, avant La Grande Vadrouille qui exploitera nombre des recettes déjà expérimentées.

Odyssée-guignol

En 1942, en pleine Occupation, un chef d'orchestre (de Funès) et un peintre en bâtiment (Bourvil) s'affairent entre Paris et la ligne de démarcation pour essayer de faire passer en zone libre trois aviateurs anglais dont l'appareil a été abattu au-dessus de la capitale, alors qu'ils étaient de retour de mission en Allemagne. Ces derniers atterrissent respectivement au zoo de Vincennes, à l'Opéra de Paris et au siège de la Kommandantur. Ils se cachent avec la complicité d'une Française (Marie Dubois). Courses-poursuites avec l'occupant, chassés-croisés de faux et de vraisemblable, de guignoleries et de bouffonneries, déguisements, quiproquos, gags à répétition. Les Allemands et les fugitifs descendent dans le même hôtel de province et intervertissent leurs numéros de chambre (6 et 9), obligeant les uns à aller dans le lit des autres... Gérard Oury surcharge tous les effets : scène de hammam à la mosquée de Paris, visite médicale dans les Hospices de Beaune, incendie de la Kommandantur. Il s'agit d'échapper aux Allemands par tous les moyens : en barque sur la Grange-Batelière, en avion, en train, en automobile... Le tournage réalisé en extérieur, ne ménageant ni les cascades ni les effets spéciaux, implique les meilleures équipes techniques de l'époque, notamment deux équipes en simultané pour dédoubler le point de vue au montage, et nécessite une débauche de moyens, avec un budget d'1 milliard 300 millions de francs qui en fera le film français le plus cher de l'époque. Cette comédie burlesque devient un film à grand spectacle, prévu pour rivaliser avec les productions hollywoodiennes. Elle sera d'ailleurs déclinée sur tous les marchés internationaux, générant un succès comparable en Europe, en U.R.S.S. ou au Japon. Plus de 17 millions de spectateurs l'ont applaudie dans le monde. Les constantes rediffusions à la télévision confirment cet engouement qui fait de La Grande Vadrouille le film français de tous les records.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences, sociologue à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification