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LA GUERRE DE TROIE N'AURA PAS LIEU, Jean Giraudoux Fiche de lecture

Après Siegfried (1928),Amphitryon 38 (1929), Judith (1931) et Intermezzo (1933),La guerre de Troie naura pas lieu constitue la cinquième œuvre théâtrale de Jean Giraudoux (1882-1944). Sa création, le 22 novembre 1935 à Paris, au Théâtre de l’Athénée, dans une mise en scène de Louis Jouvet, ami du dramaturge, est un succès public ‒ la critique reste plus partagée. La pièce a été reprise de nombreuses fois jusqu’à la fin des années 1980, notamment par Jean Vilar et le Théâtre national populaire (TNP) au festival d’Avignon (1962), Marcel Cravenne pour la télévision (1967), Jean Mercure au Théâtre de la Ville (1971) ou encore Raymond Gérôme à la Comédie-Française (1988). En revanche, depuis les années 1990, elle n’a été jouée que très rarement : Nicolas Briançon au Théâtre Silvia-Monfort (2006) ; Francis Huster au festival d’Anjou (2013).

Giraudoux paraît aujourd’hui quelque peu tombé dans l’oubli. La guerre de Troie n’aura pas lieu,sa pièce la plus célèbre, n’a pas échappé à cette désaffection, dont la raison principale tient probablement à son ancrage dans un contexte historique, culturel et esthétique devenu lointain.

Les pourparlers de la dernière chance

Sans doute inspirée à l’auteur par la brève mention, dans le récit homérique, d’une ambassade d’Ulysse et Ménélas auprès des Troyens pour qu’Hélène leur soit rendue, la pièce se présente comme un préquel de LIliade. Elle comporte deux actes, de dix et quatorze scènes chacun.

Acte I

À l’optimisme d’Andromaque, enceinte de son époux Hector, Cassandre oppose sa prescience de la guerre à venir. Revenu victorieux, Hector apprend que son frère cadet, Pâris, a enlevé Hélène, la femme du roi Ménélas, et que les Grecs s’apprêtent à venir la reprendre de force. Lassé des combats et soucieux d’éviter la guerre à tout prix, Hector demande à Pâris de rendre la jeune femme. Celui-ci commence par refuser, puis accepte de s’en remettre au jugement de leur père Priam. Le vieux roi, poussé par les anciens combattants de la cité, ne peut admettre que Troie renonce à la beauté d’Hélène. Cependant, sous la pression féminine (Hécube, Andromaque, Polyxène, Cassandre), et puisque Pâris lui-même se rend aux arguments d’Hector, il finit par céder. Il reste à convaincre Hélène. Confrontée à Hector, elle reconnaît qu’elle n’aime pas vraiment Pâris et paraît consentir à retourner auprès de Ménélas, tout en laissant entendre que la situation la dépasse et que l’issue ‒ guerre ou paix ‒ ne dépend pas d’elle.

Acte II

Le camp de la guerre et celui de la paix s’opposent. Mené par le sénateur et poète Demokos, le conseil « des intellectuels » entreprend de composer un « chant de guerre » et d’organiser un concours d’épithètes destinées à insulter l’ennemi avant le combat. Convoqué, le juriste Busiris démontre par l’absurde que les manquements des Grecs au droit international justifient l’entrée en guerre. Hector, conformément à la tradition, prononce un vibrant hommage aux morts, qui se révèle un appel à la paix. Survient alors Oiax, un marin grec ivre, qui insulte et gifle Hector, lequel ne réagit pas à ses provocations.

Voici Ulysse, l’émissaire des Grecs, qui vient réclamer Hélène. Néanmoins, pour éviter le conflit, il ne suffit pas que Ménélas retrouve sa femme. Encore faut-il que Pâris ne l’ait pas touchée, ce que semblent contredire les témoignages des marins du bateau qui transportait le couple. Envoyée par les dieux, qui ne s’accordent pas, Iris transmet l’injonction de Zeus de s’en rapporter à Hector et à Ulysse. Seuls face à face, les deux hommes échangent leurs arguments. Ulysse semble tenir la guerre pour inéluctable. Mais, dans un ultime revirement, il accepte, sans trop y croire, de donner une chance à la paix en repartant avec Hélène, qui donne son accord. Demokos cherche alors à s’opposer[...]

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  • GIRAUDOUX JEAN (1882-1944)

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    ...méditations sur les problèmes éternels de l'amour, de la condition humaine, de la guerre. Dans son travesti mythologique, l'actualité est bien reconnaissable (La guerre de Troie n'aura pas lieu, 1935), et Giraudoux peut se prendre pour le penseur politique de son temps (Pleins Pouvoirs, 1939).