HAVANE LA
La Havane (La Habana), capitale de la République de Cuba est une des principales métropoles antillaises, avec une population de 2,3 millions d'habitants en 2006. Après avoir été fondée en 1515 par Diego Velázquez de Cuellar, sur la côte sud de l'île, dans les environs du golfe de Bátabanó, la ville fut déplacée en 1519 sur la côte nord. Stratégiquement situé sur la route maritime reliant la colonie à la métropole espagnole, dans le détroit de Floride, le lieu présentait l'avantage d'offrir une baie profonde, bien abritée et plus facile à surveiller. C'est sur cette plaine littorale aux basses vallées transformées en baies envasées par la remontée, au Quaternaire, du niveau de la mer que furent jetées les bases de la nouvelle cité. Le choix se révéla judicieux car, très rapidement, les activités portuaires connurent un extraordinaire essor et La Havane devint, en 1607, la capitale de la colonie. Les Espagnols mirent un soin particulier à bâtir une ville digne des plus belles cités d'Europe. Le calcaire récifal qui a servi à construire les églises, les maisons de la Habana Vieja (Vieille Havane), les forts (San Salvador de la Punta à l'ouest, Los Tres Reyes del Morro à l'est, qui ferment la baie de part et d'autre) témoignent d'un goût sûr et d'une urbanité accomplie dans l'ordonnancement des édifices, de l'aménagement des places (place de la Cathédrale), des promenades (Prado) et dans la répartition des espaces verts (Parque Central). Les quartiers les plus anciens (casco colonial) forment un noyau enserré par les avenues de Las Misiones et Egido, d'une part, et par l'avenue du Port, d'autre part. Tout autour, les quartiers plus récents de Vedado, Víbora, Lawton, Miramar témoignent de l'extraordinaire croissance de la ville à partir de la fin du xixe siècle jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Grâce à la production sucrière et à l'activité portuaire, l'opulence de la bourgeoisie havanaise d'avant la révolution de 1959 n'avait pas d'égale dans la Caraïbe, et le développement précoce du tourisme, dans les années postérieures à 1945, a élevé la cité au rang de mythe. L'Hôtel Habana Libre, anciennement Habana Hilton, témoigne de cette époque où le rhum coulait à flot et où le dollar était roi au pays de la rumba et des plages dorées.
Depuis, La Havane a perdu de sa superbe. Le malecón, boulevard longeant le littoral, autrefois miroir de la bourgeoisie, n'est plus qu'un défilé de façades lézardées et d'arcades obscures ponctuées, çà et là, d'actifs chantiers et de rénovations pimpantes qui ne suffisent pas à enlever cette impression de torpeur et d'abandon. Les rues étroites mal éclairées et défoncées du Centro Habana, les façades délabrées des immeubles en pierre de taille, la déliquescence des quartiers populaires de Bethléem, de La Lisa dénotent un désintérêt marqué du pouvoir envers une capitale dont on voulait, conformément au programme communiste de planification urbaine, freiner la croissance avant tout. C'est aujourd'hui une agglomération qui s'étend sur environ 740 kilomètres carrés répartis en quinze municipios. Elle rassemble environ le quart de la population cubaine (2006) et concentre les pouvoirs politique, économique et culturel, ne laissant que peu de place aux autres villes cubaines. C'est à la fois la capitale de l'État, de la province éponyme et du municipio. La ville exerce, à ce titre, des fonctions éminentes dans le domaine de l'industrie : centrales sucrières, construction navale, industrie textile, pharmaceutique, mécanique, production de cigares et de boissons. Mais les services représentent la première source de richesses et, en premier lieu, le tourisme : la capitale a été inscrite en 1982 au [...]
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Écrit par
- Jean Marie THÉODAT : agrégé de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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CUBA
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Marie Laure GEOFFRAY , Janette HABEL , Oruno D. LARA , Jean Marie THÉODAT et Victoire ZALACAIN
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