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LA LÉGENDE DES SIÈCLES, Victor Hugo Fiche de lecture

Victor Hugo - crédits : M. Seemuller/ De Agostini/ Getty Images

Victor Hugo

« Ego Hugo » : la célèbre devise ne pouvait mieux convenir qu'à l'auteur de La Légende des siècles, œuvre « cathédrale » s'il en fut, entreprise prométhéenne et sublime poème de l'humanité pour les uns, sommet de l'emphase mégalomaniaque et du mauvais goût pour les autres, livre unique en tout cas, sans précédent ni descendance, connu de tous pour quelques vers, voire quelques textes, récités par des générations d'écoliers (« La Conscience », « Booz endormi », « Les Pauvres Gens », « Après la bataille », « Le Crapaud »...), et ignoré par pans entiers, réputés illisibles.

Un monument composite

Ce livre « total », étrange et monstrueux, a pourtant une histoire. La Légende des siècles s'est écrite sur une vingtaine d'années, et a connu trois états de publication. La première « série », en 1859 (Hugo est alors en exil), porte encore en sous-titre « Les Petites Épopées », titre plus modeste envisagé d'abord. En 1877 (le poète est rentré triomphalement en France en 1870), la deuxième série accentue l'orientation philosophique du recueil. Enfin, en 1883 (Hugo mourra deux ans plus tard), une dernière série ajoute quelques pièces, avant que l'édition définitive ne refonde l'ensemble en un ouvrage monumental, somme toute assez peu structuré, dont les différentes strates correspondent à des moments particuliers et de l'histoire du xixe siècle, et de la biographie de l'auteur.

Ainsi assemblé, le recueil se compose de soixante et un chapitres. Après un poème liminaire, « La vision d'où est sorti ce livre », écrit dès 1857 mais ajouté seulement à la deuxième série, et un hymne à la Terre, est retracée l'histoire de l'Humanité, depuis la faute originelle (« D'Ève à Jésus ») jusqu'à la rédemption future (« Hors des temps »). Aux récits bibliques, qui inspirent quelques-unes des pièces les plus célèbres (« La Conscience », « Booz endormi »), succèdent la mythologie et l'histoire gréco-romaine, cette dernière à peine effleurée. En revanche, Hugo, en bon romantique, consacre aux temps troublés du Moyen Âge pas moins de douze chapitres. La Renaissance est surtout illustrée par un long poème, « Le Satyre », synthèse de la doctrine philosophique et esthétique de l'auteur. Après l'intermède des « Idylles », qui ressuscitent vingt-deux grandes figures littéraires, d'Orphée à Chénier, viennent les « Temps présents » : Révolution, guerres napoléoniennes, hommage au peuple. Enfin, le recueil s'achève sur la promesse d'un avenir radieux (« Vingtième Siècle », « Hors des temps »).

Encore convient-il d'ajouter, pour mieux saisir l'ampleur de l'ambition hugolienne, que La Légende des siècles était, dès l'origine, indissociable de deux autres ouvrages destinés à former avec elle un vaste tryptique, et que l'écrivain n'achèvera jamais : La Fin de Satan et Dieu.

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