LA MONNAIE ENTRE VIOLENCE ET CONFIANCE (M. Aglietta et A. Orléan) Fiche de lecture
L'ambivalence de la monnaie
Mais la monnaie est toujours inachevée, toujours en devenir, entre institutionnalisation et dépérissement, en proie à la concurrence de monnaies rivales qui pourront relancer le processus de polarisation mimétique. La monnaie oscille donc entre violence et confiance. Telle est son ambivalence dont l'histoire monétaire témoigne. D'un côté, un bien collectif médium des échanges, nourri de la confiance de la communauté, de l'autre, un bien privé recherché pour lui-même en tant que moyen de réserve et de préservation de la richesse. La bonne marche de l'économie est alors suspendue à la distance qui sépare la monnaie des acteurs en quête de liquidité : pas assez désirée, la monnaie perdrait sa légitimité, si elle l'était trop, sa thésaurisation compromettrait l'écoulement des marchandises produites. Cette ambivalence souligne aussi la fragilité de la confiance acquise. C'est pourquoi « le maintien de la confiance doit être pensé comme un problème de régulation de la plus haute importance », confié à une autorité garante, la banque centrale.
À travers le prisme de cette construction théorique, Aglietta et Orléan étudient les questions monétaires et financières dominantes du tournant du xxe siècle : la politique monétaire américaine, les crises bancaires et financières (crise du S.M.E., crise mexicaine, crise asiatique, crise russe, crise argentine...), l'euro, etc. L'ouvrage se conclut sur les conditions financières et monétaires qui, faute d'un nouveau Bretton Woods institutionnalisant un nouveau système monétaire international, peuvent aider à résorber progressivement les désordres monétaires et financiers mondiaux : une plus grande souplesse des règles de change ; une régulation prudentielle non plus institutionnelle (centrée sur les banques) mais à base fonctionnelle (centrée sur les services de paiement et l'organisation des marchés) ; la suppression des marchés de gré à gré sur lesquels s'effectuent sans garde-fous plus des deux tiers des transactions sur produits dérivés ; un prêteur en dernier ressort international sous la forme d'arrangements monétaires régionaux ou sous les traits d'un F.M.I. dont on réhabiliterait les droits de tirages de spéciaux (D.T.S.).
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Écrit par
- Jézabel COUPPEY : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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