LA MORT D'ARTHUR, Thomas Malory Fiche de lecture
L'honneur chevaleresque
Malory fait souvent allusion à sa source française : il s'est en effet inspiré des cycles français en prose et a dû commencer son œuvre par la traduction de la Queste del Saint Graal. Mais il s'est aussi inspiré d'œuvres anglaises, d'où les traces d'allitération dans certains passages.
Son texte est d'une simplicité trompeuse. Le style, répétitif, robuste, se déroule à la manière d'une incantation. Le lecteur cède à l'effet des formules accumulées, des qualificatifs insistants. Lancelot, répètent le narrateur et tous les personnages, est « le plus noble des plus parfaits chevaliers ». L'univers arthurien est schématique : paysages conventionnels, chronologie suivant les saisons et le cycle liturgique, société réduite au monde des chevaliers. Les discours sont nombreux, parfois collectifs, jamais familiers. L'exaltation de l'honneur chevaleresque – qui se situe au-delà, au-dessus des lois – est le thème majeur exploité par Malory, omniprésent à travers les hauts faits célébrés, l'atmosphère surréelle, l'amour idéal en dépit ou même à cause des transgressions.
L'ouvrage de Malory invite à rêver et à réfléchir à des questions qui resteront à jamais sans solution définitive : les amours sans retour ou opposant devoir et sensualité (au xixe siècle les préraphaélites s'en inspireront), la personnalité du roi Arthur – chef idéal (que l'on retrouve chez Tennyson dans les Idylles du roi, 1859-1885) ou bourré de scrupules (Terence H. White, The Once and Future King, 1958). Le graphisme modulaire de Malory permet soit un étoffement qui peut aller jusqu'à l'étouffement (l'art littéraire ou pictural du xixe siècle), soit un accompagnement également épuré mais provocateur (les illustrations faunesques d'Aubrey Beardsley). En 1981, le film de John Boorman, Excalibur, a permis de recréer les éclairs et les brumes de ce royaume de l'imagination.
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Écrit par
- André CRÉPIN : professeur émérite à l'université de Paris-IV
Classification
Autres références
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CYCLE ARTHURIEN DANS LA FANTASY
- Écrit par Anne BESSON
- 2 463 mots
..., 1858). Elles jouissent alors d'un grand succès populaire, dont témoignent les multiples rééditions de la grande œuvre source de langue anglaise, La Mort d'Arthur de Thomas Malory (1470, imprimé pour la première fois en 1485 par William Caxton). Les versions victoriennes serviront ensuite de... -
MALORY sir THOMAS (1408-1471)
- Écrit par Henri FLUCHÈRE
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