LA MOUETTE (mise en scène T. Ostermeier)
Une comédie sans héros
Thomas Ostermeier privilégie donc le quatuor central, mais ne lui épargne pas pour autant une position de surplomb. Il a manifestement demandé à la grande actrice Valérie Dréville de renchérir, par ses larmes et ses minauderies, sur les ridicules d’Arkadina, l’actrice célèbre, confrontée au vieillissement et à l’éloignement de son amant Trigorine (François Loriquet). Il lui prête cette réplique : « Je suis une belle plante », en la faisant apparaître en maillot de bain. Il la fait appeler à l’aide, lors du malaise qui frappe son frère Sorine, sans qu’elle lui porte elle-même secours, ou encore embrasser amoureusement son fils, Treplev, et se désintéresser de son sort après sa tentative de suicide. Lors de la fameuse scène du retour, après les deux ans d’absence de Nina (Mélodie Richard), il montre la jeune comédienne comme ivre, empêtrée dans des vêtements dont elle cherche à se libérer, et désamorce l’émotion de ces ultimes retrouvailles. Dans ces choix, Thomas Ostermeier reste un très grand directeur d’acteurs et rejoint le registre de comédie recherché par l’auteur. Mais, requis par l’urgence du présent, il ne s’est peut-être pas trouvé pleinement en résonance avec le monde de Tchekhov.
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Écrit par
- Monique LE ROUX
: maître de conférences honoraire à l'université de Poitiers, critique théâtrale de
La Quinzaine littéraire et deEn attendant Nadeau
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