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LA NAISSANCE DU JOUR, Colette Fiche de lecture

Lorsqu'elle entame, à l'été de 1927, la rédaction de La Naissance du jour qui paraîtra l'année suivante, Colette (1873-1954) est entrée dans l'automne de sa vie. Âgée de cinquante-quatre ans, elle est désormais une écrivaine reconnue et confirmée. Surtout, après les longs épisodes d'une vie mouvementée et souvent tumultueuse, elle atteint à une relative sérénité. Tout juste divorcée de son deuxième mari, Henry de Jouvenel, elle a rencontré Maurice Goudeket, qui sera son dernier compagnon. Après bien des tribulations, Colette a réussi à jeter l'ancre. À Paris, elle s'est établie au Palais-Royal où elle résidera presque continûment jusqu'à sa mort, en 1954 ; elle a également acheté une modeste maison, la Treille-Muscate, à Saint-Tropez, petit port alors ignoré de la mode et du tourisme.

Le renoncement à l'amour

Telle est la toile de fond sur laquelle s'inscrit La Naissance du jour. Bien que portant la mention générique de « roman », il s'agit là en fait d'une œuvre largement autobiographique, mi-récit mi-rêverie, où personnages fictifs (Valère Vial et Hélène Clément) et êtres réels (Dunoyer de Segonzac, Carco et Colette elle-même) se côtoient durant un été à la Treille-Muscate.

Ce livre est d'abord l'histoire du renoncement, voulu et apaisé, à l'amour. Pour l'essentiel, l'intrigue s'y résume à un face-à-face entre la narratrice, femme mûrissante décidée à abandonner toute vie sentimentale, et Valère Vial, jeune décorateur épris d'elle et résolu à imposer son amour à celle qui n'en veut plus. Il y a là comme une sorte de duo d'opéra où chacun semble interpréter une partition différente : le grand air de la séduction pour l'un, la cérémonie des adieux pour l'autre. La force de conviction de Vial jointe à la nonchalance des nuits d'été auront un temps raison de la résistance de la narratrice mais n'atteindront pas sa résolution. Vial, que la narratrice a vainement tenté de jeter dans les bras de la jeune peintre Hélène Clément, s'en va, la laissant à sa solitude, mais aussi à sa liberté : « Il va falloir vivre sans que ma vie et ma mort dépendent d'un amour. J'y arrive. C'est prodigieux. »

La Naissance du jour est aussi et surtout un livre-bilan, une œuvre de maturité consacrée à la maturité où Colette revient sur sa vie sentimentale, avec ses blessures et ses joies, conduit une réflexion douce-amère sur la vie à deux et sur l'amour « qui n'est pas un sentiment honorable », avant de prendre le parti de se retirer : « Homme, mes anciennes amours, comme on gagne, comme on apprend à tes côtés ! Il n'est si bonne compagnie qui ne se quitte ; mais je m'engage ici à prendre courtoisement mon congé. »

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Écrit par

  • : agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieure

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