NOUVELLE-ORLÉANS LA
Située sur le delta du Mississippi, à 150 kilomètres de son embouchure sur le golfe du Mexique, entre le fleuve et le lac Pontchartrain, La Nouvelle-Orléans (New Orleans) est la plus grande agglomération de Louisiane avec 1,28 million d’habitants (2017), dont 393 000 dans la ville-centre. Surnommée Crescent City (« la ville-croissant »), en référence au méandre que dessine le fleuve lorsqu’il la traverse, elle représente, dans la culture américaine, une cité à part : son histoire, sa cuisine, son architecture française et créole, son jazz, son carnaval lui valent une place de choix dans les destinations touristiques nationales. Pourtant, le site, sous le niveau du fleuve et du lac dont il est abrité par des levées, a montré, en 2005, lors du passage de l’ouragan Katrina, sa vulnérabilité.
Déjà utilisée par les Indiens, une zone de portage entre le bayou Saint-Jean et le Mississippi est à l’origine d’un premier campement français et d’un fort (Fort Saint-Jean) à la fin du xviie siècle. En 1718, le Français Jean Baptiste le Moyne de Bienville décide de fonder une ville le long du Mississippi, sur un monticule abrité des eaux par des levées naturelles, permettant ainsi le contrôle de la navigation fluviale. Appelée « La Nouvelle-Orléans » en l’honneur de Philippe d’Orléans, alors régent du royaume de France, la cité devient capitale de la Louisiane française en 1722. Détruite la même année par un ouragan, elle est reconstruite autour d’un plan en damier strict dessiné par Bienville : l’actuel French Quarter, ou Vieux Carré français, cœur historique de la ville. Passée sous domination espagnole en 1762 puis à nouveau sous giron français en 1800, la ville devient américaine en 1803 lors de la vente aux États-Unis de la Nouvelle-France par Napoléon.
Son port représente son principal atout, et la désormais nommée New Orleans connaît un fort développement tout au long du xixe siècle : desservie par le chemin de fer dès les années 1830 et par les bateaux à vapeur qui drainent tout le bassin du Mississippi, elle est au centre du très lucratif commerce d’esclaves. L’exploitation du gaz naturel et l’exportation de produits agricoles (notamment le coton) participent à cette dynamique. En 1860, La Nouvelle-Orléans est le troisième port des États-Unis, après Boston et New York. La ville, qui comptait une dizaine de milliers d’habitants (dont un tiers d’esclaves) en 1800, devient la troisième ville la plus peuplée des États-Unis en 1840 et compte pas moins de 280 000 habitants en 1900. La langue française reste dominante jusque dans les années 1830, renforcée par l’arrivée massive de francophones à la suite de l’indépendance d’Haïti, mais perd de son influence après la guerre de Sécession.
Le mélange des cultures africaine, européenne et caribéenne donnera naissance, dès 1890, à un style musical indissociable de La Nouvelle-Orléans : le jazz, alimenté par les conflits ethniques liés à l’abolition des lois esclavagistes. C’est dans les rues du French Quarter que des musiciens comme Louis Armstrong vont populariser cette musique qui migrera ensuite vers Chicago ou New York mais restera assimilée à la ville.
Au xxe siècle, le développement d’autres modes de transport, notamment la route, affaiblit le port de La Nouvelle-Orléans malgré l’ouverture, en 1923, de l’Industrial Canal entre le lac Pontchartrain et le Mississippi. La ville est en effet à l’écart des foyers industriels majeurs des Grands Lacs, de la côte Est et de l’émergente côte Ouest, qui la privent d’une part de sa population, notamment afro-américaine. Entravée dans son delta et ses marécages, elle est progressivement éclipsée par les ports littoraux du Texas ou de Floride, dès lors que s’impose le conteneur dans le transport maritime. La population de la ville continue pourtant à croître jusque dans[...]
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Écrit par
- Laurent VERMEERSCH : docteur en géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
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