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PÂQUE LA

La Pâque (en hébreu Pesaḥ) est une des trois fêtes de pèlerinage du calendrier juif. Elle débute le 15e jour du mois de nisan et se poursuit sept jours durant (huit en Diaspora). Elle célèbre la délivrance d'Israël de l'asservissement à l'Égypte. Dans le texte biblique, elle porte deux noms : le premier (en Exode, xxxiv, 25) est Pâque (ḥag ha Pōsaḥ), parce que Dieu « passe au-dessus » de la maison des enfants d'Israël lorsqu'il frappe les premiers-nés de l'Égypte (Ex., xii, 23) ; le second (Ex., xxiii, 15) est celui de fête des pains non levés (ḥag ha maṣṣōt) justifié par la consommation de cet aliment lors du départ précipité des Hébreux (Ex., xii, 39). À la période du Temple de Jérusalem, le rite essentiel était le sacrifice de l'agneau pascal (korban Pesaḥ) la veille du 14 nisan.

La critique discerne deux composantes parmi les rites de célébration de la fête : d'une part, le sacrifice de l'agneau, rite de bergers historicisé par son rattachement à la sortie d'Égypte ; d'autre part, la fête des pains sans levain, célébration de printemps en relation avec le calendrier agricole (Ex., xiii, 4), qui fut, en raison de la date traditionnelle de l'Exode, aisément rattachée à l'histoire du salut. Le livre de Josué (v, 10-12) indique que les Israélites sous la conduite de Josué célébrèrent la fête des pains non levés à Guilgal. Le livre des Rois (II Rois, xxiii, 21-23) souligne avec quel éclat la Pâque fut célébrée sous le règne de Josias (~ viie s.). La fusion des deux éléments s'opère sans doute au début de l'exil de Babylonie.

Depuis la destruction du second Temple, la Pâque juive se trouve essentiellement marquée, durant les deux premières veilles, par la cérémonie familiale du Séder (ordre). Autour d'un plateau porteur de mets symboliques : pains azymes, herbes amères, os rôti, est évoquée la signification de la nuit de la délivrance, dans un rituel où s'entremêlent questions, réponses, hymnes, louanges et commentaires, dont le texte se trouve rédigé dans un volume spécial : la Haggada. On verse aussi quatre coupes de vin pour signifier les quatre expressions de la délivrance. Une cinquième coupe nommée « coupe d'Élie » évoque l'aspect messianique de la fête. Pendant toute la durée de celle-ci, les fidèles s'abstiennent de la consommation de tout aliment contenant du levain et se nourrissent de pains azymes. Fête de la liberté, Pesaḥ fut célébrée clandestinement en Espagne par les conversos pourchassés par l'Inquisition. C'est à Pâque qu'eut lieu la révolte du ghetto de Varsovie en avril 1943. À travers toutes les générations, la Pâque est demeurée pour la conscience juive l'événement fondateur de son existence et de son historiosophie.

— Roland GOETSCHEL

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur du département d'études hébraïques et juives de l'université de Strasbourg-II, professeur associé à l'Université libre de Bruxelles

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