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LA PEAU DE CHAGRIN (H. de Balzac) Fiche de lecture

Honoré de Balzac, A. Rodin - crédits : D. Greco

Honoré de Balzac, A. Rodin

Balzac (1799-1830) a rédigé de 1816 à 1822 – entre dix-neuf et vingt-trois ans – un certain nombre d'essais philosophiques : un Discours sur l'immortalité de l'âme, différentes lectures de philosophes (Malebranche, Descartes, Spinoza, d'Holbach), un Essai sur le génie poétique, un Traité de la prière. Dans cette continuité, La Peau de chagrin, assortie du sous-titre Roman philosophique, est publiée chez Gosselin et Canel en août 1831. Le roman paraît de nouveau en septembre 1831 dans un ensemble intitulé Romans et contes philosophiques, accompagné de douze autres contes : Sarrasine, La Comédie du diable, El Verdugo, L'Enfant maudit, L'Élixir de longue vie, Les Proscrits, Le Chef-d'œuvre inconnu, Le Réquisitionnaire, Étude de femme, Les Deux Rêves, Jésus-Christ en Flandre, L'Église. La Peau de chagrin figure également dans les Études philosophiques parues au début de 1835, où se regroupent les œuvres philosophiques antérieures. Enfin, après une nouvelle édition en 1839, le roman se trouve en tête du tome I des Études philosophiques, en 1845, dans l'édition Furne de La Comédie humaine. Roman philosophique certes, mais aussi contefantastique, La Peau de chagrin peut être lue comme une allégorie du désir qui tue.

Un pacte maudit

Le roman se divise en trois parties : « Le Talisman », « Une femme sans cœur », « L'Agonie ». La première fait suivre au lecteur le parcours dans Paris d'un jeune inconnu (Raphaël de Valentin) à l'automne de 1830 : d'abord dans une maison de jeu du Palais-Royal, où il joue et perd sa dernière pièce d'or, puis sur les bords de la Seine, où il pense se suicider, enfin chez un vieil antiquaire qui lui propose une « peau de chagrin », talisman qui exauce les moindres désirs mais rétrécit à chaque souhait réalisé et écourte d'autant la vie de celui qui le possède. Le vieillard, dont la physionomie évoque autant celle d'un dieu que d'un démon, en profite pour lui livrer le secret de sa philosophie : « Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit, mais SAVOIR laisse notre faible organisation dans un perpétuel état de calme. » Quittant l'échoppe de l'antiquaire avec la peau de chagrin, Raphaël de Valentin rencontre des amis, dont Émile Blondet, qui le conduisent à une réception dans l'hôtel du banquier Taillefer.

La deuxième partie est constituée par le récit que, pendant cette soirée, Raphaël fait de sa vie à son ami Émile : son projet d'écriture d'un Traité de la volonté, ses difficultés financières, son séjour dans une chambre de location chez Mme Gaudin et sa fille Pauline, les tourments de son amour pour la comtesse Foedora, « femme sans âme » à « l'impénétrable caractère », que lui a présentée Rastignac. Raphaël termine sa confession en révélant à Émile le secret de la fameuse peau, créatrice de richesse, mais également promesse de mort.

La dernière partie fait se succéder les vaines tentatives de Raphaël pour s'empêcher d'exprimer le moindre désir. Ainsi, dès l'héritage des deux cent mille francs qu'il souhaitait, la peau a encore rétréci : « Il voyait la Mort. » Après avoir déclaré son amour à Pauline Gaudin, amour partagé, il jette le talisman dans un puits. Mais, à peine l'a-t-il repêché, il s'aperçoit qu'il a encore rétréci. Les consultations auprès de quatre savants, puis de quatre illustres médecins, demeurent sans effet. La fin inexorable de Raphaël approche : « Depuis la fatale orgie, Raphaël étouffait le plus léger de ses caprices et vivait de manière à ne pas causer le moindre tressaillement à ce terrible talisman. La Peau de chagrin était comme un tigre avec lequel il lui fallait vivre, sans en réveiller la férocité. » Il meurt en formulant un dernier désir, « mordre Pauline au sein ». Dans une ultime illusion, l'épilogue fait réapparaître Pauline, figure[...]

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Honoré de Balzac, A. Rodin - crédits : D. Greco

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