LA PEAU DE CHAGRIN (H. de Balzac) Fiche de lecture
« Tout est mythe et figure »
Balzac a choisi comme Épigraphe de son roman le dessin qui, dans le Tristram Shandy de Sterne (1759), illustre le mouvement de la canne que Trim fait tournoyer en l'air au moment de discourir sur la liberté humaine. Rappel ironique que Balzac place en tête d'une histoire tragique. Dessin qui supplée à l'insuffisance des mots pour décrire la destinée humaine. Dessin en forme d'arabesque qui dit « la vie avec ses ondulations bizarres, avec sa course vagabonde et son allure serpentine » (Introduction de Philarète Chasles aux Romans et contes philosophiques, août 1831).
Le roman peut se lire aussi bien comme un conte oriental que comme une chronique des années 1830 et de la monarchie de Juillet. L'écrivain et critique Philarète Chasles (1789-1873) affirmait que Balzac avait voulu « comme feu Rabelais, formuler la vie humaine et résumer son époque dans un livre de fantaisie, épopée, satire, roman, conte, histoire, drame, folie aux mille couleurs ». Car La Peau de chagrin, comme l'œuvre de Rabelais, est une « immense arabesque fille du caprice accouplé avec l'observation ». Dans une lettre de 1831 à Montalembert, Balzac a repris la formule du philosophe Ballanche : « Dans mon roman, tout est mythe et figure. » Mythe d'une époque de désenchantement, en proie au scepticisme et à la désespérance, enfermée dans un individualisme sans foi, que Stendhal ou Musset ont aussi évoqué. Figure de l'idée balzacienne, centrale, de la pensée qui tue, passion dévorante ou désir mortel. Héros de l'impossible, Raphaël de Valentin prend place au côté du Balthazar Claës de La Recherche de l'Absolu, du Frenhofer du Chef-d'œuvre inconnu, du Louis Lambert de Louis Lambert.
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Écrit par
- Maurice MÉNARD : professeur émérite à l'université du Maine, Le Mans
Classification
Média