Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LA PEINTURE DE PAYSAGE, John Constable Fiche de lecture

Les conférences sur la peinture de paysage

Au moment où il terminait l'English Landscape Scenery, Constable fut pressenti par des membres de la Société littéraire et scientifique de Hampstead, ville de la banlieue de Londres où il résidait, afin de prononcer une conférence présentant rapidement l'histoire de la peinture de paysage. Constable accepta, et on lui demanda aussitôt d'en rédiger le texte. Ses notes préparatoires lui permirent de transcrire ce qu'il appelait lui-même « un peu plus qu'un simple souvenir ». L'intérêt avait été tel qu'on lui proposa de poursuivre à Hampstead pour « combler les vides » de sa première causerie. En même temps, on lui réclama d'autres conférences à la Literary and Scientific Institution de Worcester, où ses œuvres venaient de figurer, avec le plus grand succès, à une exposition de peinture. Enhardi, et confiant désormais dans ses capacités, Constable reprit en mai-juin 1836 à Londres même, à la Royal Institution, où son fils étudiait la chimie avec Michael Faraday, ses conférences, issues de celles de Hampstead et de Worcester. Contrairement aux textes de l'English Landscape Scenery, aucun de ces exposés ne fut toutefois publié de son vivant. Ils ne subsistaient même pas à l'état de manuscrits autographes : on les connaît aujourd'hui par ses brouillons, les comptes rendus et les notes prises par les auditeurs (par exemple Leslie à Londres). Il s'agissait d'ailleurs toujours des mêmes sujets, retravaillés au fur et à mesure. C'est en 1970 qu'une édition critique vit enfin le jour. Les idées principales et le plan général suivi par Constable étaient connus depuis longtemps : origines de la peinture de paysage ; histoire du genre par école et par période (Renaissance, xviie siècle, xviiie siècle et époque contemporaine).

Par-delà leur aspect fragmentaire et incomplet (surtout si on leur ajoute les notations éparses dans la correspondance et les notes de Constable), ces textes, fort vivants, développent une vision originale de la peinture de paysage. Le conférencier ne se perd pas en généralités : il laisse le plus souvent la place à l'artiste, qui explique le pourquoi et le comment de ses propres œuvres (en particulier dans l'English Landscape Scenery), et analyse celles de ses illustres devanciers. Les conférences révèlent une information très complète, et une réflexion parfois fort originale pour l'époque, ainsi quand Constable consacre tout un développement aux Van Eyck, ou fait un long commentaire du Saint Pierre martyr de Titien. Les passages concernant Poussin, Claude Gellée, ou les peintres contemporains de Constable, comme les paysagistes britanniques de la fin du xviiie siècle dont émerge la figure de Thomas Girtin, sont plus conventionnels. Mais au fil de tous ces textes est exprimée la pratique de peintre de Constable : regarder la nature avec ses propres yeux, et non par le truchement des maîtres, sans rejeter toutefois leur enseignement, pour en donner une impression vivante et vraie.

— Barthélémy JOBERT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Média

<it>La Cathédrale de Salisbury vue du jardin épiscopal</it>, J. Constable - crédits :  Bridgeman Images

La Cathédrale de Salisbury vue du jardin épiscopal, J. Constable