LA PESTE (A. Camus) Fiche de lecture
Après L’Étranger (1942), La Peste est le deuxième roman publié par Albert Camus (1913-1960). Paru en 1947, il se présente comme la « chronique » d’une épidémie de peste survenue en « 194. » (l’auteur ne précise pas l’année) à Oran, en Algérie, durant la période coloniale.
Fruit d’une lente et difficile gestation à partir de 1941, le livre sort en librairie le 6 juin 1947, malgré les doutes de l’auteur, alors peu convaincu du résultat. Si l’ouvrage suscite certaines réserves et joue un rôle dans les désaccords philosophiques et politiques avec Jean-Paul Sartre et sa revue Les Temps modernes, il est récompensé par le prix des Critiques et reçoit un excellent accueil public. Un succès jamais démenti : traduit dans de nombreuses langues, La Peste reste, avec L’Étranger (1942), le livre le plus lu d'Albert Camus.
« Les curieux événements qui font le sujet de cette chronique »
Après une brève présentation de la ville et du récit qui va suivre, celui-ci débute « le matin du 16 avril », lorsque le docteur Bernard Rieux bute sur un rat mort en sortant de son cabinet. Le lendemain, il accompagne sa femme, malade, à la gare d’où elle part pour se faire soigner à la montagne. Très vite, les cadavres de rats se mettent à proliférer. Au bout d’une dizaine de jours, la mort du concierge du docteur Rieux inaugure une nouvelle phase : ce sont désormais les habitants qui sont touchés par un mal mystérieux. Au fur et à mesure que les décès se multiplient, et face aux symptômes qui ne laissent guère de doute, le mot « peste » est enfin prononcé. D’abord réticentes, les autorités finissent par admettre l’évidence. L’état de peste est officiellement déclaré et les portes de la ville sont fermées, condamnant les habitants à un huis clos étouffant.
Au fil de cette première partie sont apparus, plus ou moins brièvement, les protagonistes. Leurs différents comportements face à la situation vont désormais occuper l’essentiel du récit. Le docteur Rieux combat avec acharnement l’épidémie, cherchant moins à guérir (ce qui s’avère impossible, faute d’un sérum efficient) qu’à soulager, et surtout à limiter la contagion en isolant les malades. Il est aidé en cela par son voisin Jean Tarrou, qui tient lui-même des carnets rapportant les événements ; par morale personnelle, Tarrou, qui deviendra l’ami de Rieux, l’assistera jusqu’à y laisser la vie. Joseph Grand, l’employé de mairie, porteur d’un projet littéraire qu’il se révèle incapable de mener à bien par excès de perfectionnisme (il réécrit indéfiniment la première phrase), finit par participer à son tour à la lutte aux côtés de Rieux et Tarrou. Raymond Rambert, jeune journaliste venu de Paris enquêter sur les conditions de vie de la population arabe, cherche par tous les moyens à quitter la ville pour rejoindre la femme qu’il aime. Dans ce but, il se rapproche de Cottard, lequel, sauvé in extremis du suicide par Grand au début du livre, est le seul à se réjouir du contexte tragique dans lequel il se trouve enfin à l’aise et dont il tire profit par toutes sortes de trafics et d’expédients. Contrairement à Rambert, qui finira par s’associer au combat contre la maladie, Cottard va chercher jusqu’au bout à jouer sa carte personnelle et à profiter de la situation, jusqu'à son accès de démence et son arrestation finale. Le père Paneloux enfin, prêtre jésuite, voit dans la peste la marque d’un châtiment divin, avant d'être envahi par les doutes.
Durant des mois, l’épidémie progresse, malgré la lutte acharnée que mènent Rieux et Tarrou. Dans la chaleur étouffante de l’été, des violences éclatent, et le couvre-feu est instauré. Pourtant, les habitants finissent par s’habituer et un sentiment de fatalité s’installe peu à peu. Un sérum, mis au point par Castel, un collègue de Rieux, ne[...]
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
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