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LA PETITE-FILLE (B. Schlink) Fiche de lecture

Bernhard Schlink - crédits : Leonardo Cendamo/ Hulton Archive/ Getty Images

Bernhard Schlink

Plus de vingt-cinq ans après Le Liseur, Bernhard Schlink nous offre, avec La Petite-Fille (Gallimard, 2023), un autre grand roman, toujours traduit par Bernard Lortholary, sur les déchirures et les failles qui ne cessent de traverser l’Allemagne d’après-guerre. Comme souvent chez cet auteur né en 1944, si l’histoire reste très présente, il est moins directement question cette fois du nazisme que de la division de l’Allemagne et surtout des conséquences de la réunification.

Le récit de Birgit

Kaspar Wettner, septuagénaire, tient une librairie à Berlin. Un soir, en rentrant chez lui, il trouve sa femme Birgit allongée dans la baignoire, sans vie. Sachant qu’elle souffrait depuis longtemps de dépression, il ne peut se défaire de l’idée qu’il s’agit peut-être d’un suicide. Il ne trouve aucun mot d’adieu mais tombe sur un fichier dans l’ordinateur de Birgit qui, de toute évidence, est une autobiographie plus ou moins romancée. Au fil de la lecture de ces feuillets, Kaspar découvre tout un pan caché de la vie de sa femme.

Birgit et Kaspar se sont connus en 1965, alors que ce dernier était venu à Berlin-Est dans le cadre d’un échange universitaire. Tombés éperdument amoureux l’un de l’autre, ils décident de s’installer ensemble à l’Ouest où Birgit réussit à passer au terme d’une fuite rocambolesque. Ils se marient en 1969, mais le mariage ne parvient pas à apaiser le mal-être grandissant de Birgit qui ne se confie jamais vraiment. C’est ainsi que jamais Kaspar n’a su ou ne s’est même douté que Birgit avait eu une fille juste avant leur rencontre. Brouillée avec le père, un jeune fonctionnaire du SED, le Parti socialiste unifié d’Allemagne de l’Est, elle a décidé de placer l’enfant dans un orphelinat. Elle est cependant restée hantée par l’idée de la retrouver. La recherche de cette enfant va désormais occuper toute la vie de Kaspar qui y voit une façon de rattraper le passé.

À force de persévérance et grâce à une ancienne amie de Birgit, Kaspar retrouve la fille de cette dernière. Elle s’appelle Svenja et, avec son compagnon, vit à la campagne en Saxe, dans la partie est de l’Allemagne où elle a été abandonnée près de cinquante ans plus tôt. Mais cette découverte ne met pas un terme à ses efforts. En effet, Svenja a une fille de quatorze ans, Sigrun, et Kaspar ne tarde pas à se rendre compte à quel point l’adolescente est endoctrinée par le milieu völkisch dans lequel elle vit. L’adjectif völkisch, laissé tel quel et à bon escient dans la traduction française, désigne une idéologie nationale-populiste qui fait la part belle au racisme et à l’antisémitisme. Le récit va désormais se développer dans cette tension entre le désir de Kaspar de s’occuper de Sigrun et de recomposer une famille qui n’a pourtant jamais existé, et la volonté d’ouvrir les yeux de sa petite-fille sur la réalité de l’histoire.

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Bernhard Schlink - crédits : Leonardo Cendamo/ Hulton Archive/ Getty Images

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