LA POÉTIQUE DE LA RÊVERIE, Gaston Bachelard Fiche de lecture
Le « cogito » du rêveur
Quelle est l'ambition du dernier Bachelard ? Une « psychologie complète » ? Mais comment tenir ensemble un travail de rigueur, de discernement, qui nécessairement tranche et sépare, avec l'abandon à l'image (« dans la rêverie, le non n'a plus de fonction : tout est accueil »), sans lequel il n'est pas d'entente possible de la poésie – telle qu'on la lit du moins depuis le romantisme et le surréalisme ? La Poétique de la rêverie commence par l'aveu apaisant du consentement à une « double nature » : « il faut aimer les puissances psychiques de deux amours différentes si l'on aime les concepts et les images ». Mais elle se termine par le constat doux-amer de s'être « maintenu [...] dans les facilités de l'anima ». Par deux fois Bachelard exprime le vœu d'au moins un autre livre sur l'imagination, dont on comprend qu'il serait « l'œuvre d'un animus ». Reprise des « rêveries de la volonté » ? Ou plutôt constante mobilité d'un sujet qui ne s'en tient pas à un état : mobilité essentielle de la flamme et du feu, auxquels Bachelard consacre ses ultimes méditations – celle même du « cogito » de la rêverie (chapitre IV), oscillant entre le sommeil et la conscience.
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Écrit par
- François TRÉMOLIÈRES : professeur de littérature française du XVIIe siècle, université Rennes-2
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