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LA PRINCESSE DE CLÈVES (Madame de La Fayette) Fiche de lecture

Madame de La Fayette - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Madame de La Fayette

Devait-elle avouer ? C'est une question qui est sur bien des lèvres depuis que la gazette de Donneau de Visé, Le Mercure galant, l'a posée pour faire une sorte de promotion du roman qui frappe alors les esprits, La Princesse de Clèves, publié en 1678 sans nom d'auteur. On écrivit alors beaucoup pour donner son jugement et l'on s'arracha à la fois la gazette et l'ouvrage. Dans le même temps, il y eut à ce propos, une querelle littéraire où s'échangèrent des visions radicalement différentes sur l'esthétique du roman. Enfin, le doute plana longtemps sur l'identité véritable de l'auteur, Mme de La Fayette (1634-1693) : tout concourait donc au succès.

Le sacrifice d'une passion

Le roman est situé en France, dans les années 1550, à la cour d'Henri II, juste avant les guerres de religion, avant l'effondrement d'un monde et du lignage des Valois. La magnificence et la galanterie règnent au Louvre lorsqu'une jeune fille, riche, de très haute noblesse, orpheline de père, est entraînée à la cour par sa mère pour y être mariée. Mlle de Chartres entre donc sur le marché matrimonial, guidée par Mme de Chartres, sévère en morale, mais exigeante en matière d'alliances. Le fils du prince de Nevers en tombe follement amoureux, mais ne saurait être un bon parti, tant les familles de Chartres et de Nevers sont opposées. Le prince de Guise, amoureux lui aussi, doit suivre son parcours de cadet en allant, comme chevalier de Malte, combattre les Maures. Quant au mariage avec le prince de Montpensier, il ne peut se faire. Si bien que la jeune fille et sa mère se retrouvent bien seules après ces trois échecs. La mort du duc de Nevers permet au jeune cadet, M. de Clèves, de laisser parler sa passion, d'enfreindre la règle politique et familiale, et d'épouser Mlle de Chartres. Passion dévorante pour l'un, amitié et affection conjugales pour l'autre, le mariage débute sur des bases fort dangereuses.

Arrive alors le duc de Nemours, beau, important, aimé des femmes, conquérant. Lors d'un bal donné à la cour, Nemours et la princesse de Clèves tombent amoureux l'un de l'autre. Mais aucune passion ne peut être déclarée, ni à l'autre ni à soi-même : Mme de Clèves rougit, sent un nouvel émoi, résiste, s'agite, toujours observée par la cour et par son mari. Mme de Clèves, de plus en plus proche de Nemours, décide de se mettre sous la protection de son mari et de se retirer à Coulommiers. Après ce premier aveu, Clèves, brûlant de passion et « le plus malheureux des hommes », la fait surveiller tandis que Nemours l'épie : il la voit, dans son pavillon retiré, rêver à un amour qu'elle a toujours refusé. Trompé par le récit de son espion, Clèves a la certitude que sa femme a rencontré Nemours et languit, au point de se laisser mourir. Il fait venir sa femme et la pousse à avouer son amour. Au moment où, tout en confessant qu'elle aime, elle affirme son inviolable fidélité, M. de Clèves meurt. Mme de Clèves ne suivra pas sa passion. Elle verra Nemours, lui dira tout son amour ainsi que sa résolution de n'y jamais céder : « Elle passait une partie de l'année dans cette maison religieuse et l'autre chez elle, mais dans une retraite et dans des occupations plus saintes que celles des couvents les plus austères, et sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables », dit la dernière phrase du roman.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et d'esthétique du théâtre à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Média

Madame de La Fayette - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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