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LA PROMESSE DE L'AUBE, Romain Gary Fiche de lecture

La Promesse de l'aube est un récit autobiographique de Romain Gary (de son vrai nom Roman Kacew, 1914-1980), paru en avril 1960. Gary, qui a déjà publié quatre romans, dont Les Racines du ciel, prix Goncourt 1956, y raconte son enfance, son adolescence et ses années de guerre, marquées par une relation fusionnelle avec sa mère. Le livre reçoit un très bon accueil de la critique comme du public. Il fera par la suite l'objet de deux adaptations cinématographiques : en 1970 par Jules Dassin, et en 2017 par Éric Barbier. Il sera également transposé au théâtre en 2011 par Bruno Abraham-Kremer et illustré par Joann Sfar en 2014.

Itinéraire d'un fils

Étendu sur une plage de Big Sur, en Californie, le narrateur, âgé de quarante-quatre ans, se remémore la scène au cours de laquelle, une vingtaine d'années plus tôt, et alors qu’il était mobilisé, il a fait ses adieux à sa mère, puis évoque les « ennemis » – bêtise, dogmatisme, préjugés, haine… – que, très jeune, il s'est promis de combattre pour elle. Il laisse alors se dérouler le fil de ses souvenirs…

À treize ans, le jeune Romain vit à Nice avec sa mère, Nina, fille d'un horloger juif russe, qui tire de maigres revenus de vagues activités commerciales et se sacrifie afin que son fils, pour qui elle nourrit de grandes ambitions, mange à sa faim et soit correctement vêtu. Après qu’elle l’a rêvé en vain en violoniste virtuose, puis en danseur étoile, tous deux tombent d'accord sur la littérature : il sera un nouveau Victor Hugo ! Cinq ans plus tôt, Nina et son fils (le père de Romain a quitté sa mère peu après sa naissance ; il apprendra des années plus tard qu’il est mort en déportation), après avoir vécu un temps à Moscou, où elle a connu une carrière d'« artiste dramatique », se sont installés dans le quartier juif de Wilno (Vilnius aujourd’hui), alors en Pologne. Nina fabrique des contrefaçons de chapeaux de luxe, qui se vendent bien. Durant cette brève période de prospérité, l'enfant, élevé dans une francophilie fervente, reçoit une éducation encyclopédique auprès de professeurs particuliers et connaît ses premiers émois sentimentaux. Mais il tombe gravement malade, et la petite entreprise fait faillite. Après un nouvel exil, à Varsovie, tous deux quittent la Pologne et viennent s'installer à Nice.

Malgré des débuts difficiles, la mère de Romain parvient à leur assurer un train de vie décent grâce à quelques expédients, aux mandats d'un mystérieux donateur (le père ?), puis en devenant la gérante d'un hôtel. À dix-sept ans, son baccalauréat en poche, Romain s'inscrit à la faculté de droit d'Aix-en-Provence et se sépare pour la première fois de Nina, déjà affaiblie et atteinte de diabète. Au bout de deux ans, il part s'installer à Paris, où il mène de front la fin de ses études de droit, sa préparation militaire supérieure et l'écriture − deux de ses nouvelles sont publiées dans la revue Gringoire −, tout en effectuant de petits travaux pour vivre. Devenu élève officier, il est incorporé dans l'armée de l'air, mais on lui refuse sa promotion au rang d'officier au motif que sa naturalisation est trop récente. À la déclaration de guerre, il est mobilisé comme instructeur à Bordeaux. Apprenant que la santé de sa mère s'est dégradée, il profite d’une permission de trois jours et se rend à son chevet à Nice. C’est la dernière fois qu’il la verra.

Après la défaite, l'escadre de l'École de l'air est envoyée en Afrique du Nord où la signature de l'armistice la cloue au sol. Romain déserte pour rejoindre l'Angleterre et les forces de la France libre. Peu après son arrivée, il commence à recevoir des lettres de sa mère. Son escadrille est ensuite transférée en Afrique, où elle a peu l'occasion de combattre, au grand désespoir de Romain[...]

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  • GARY ROMAIN (1914-1980)

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    En 1956, l’écrivain reçoit le prix Goncourt pour Les Racines du ciel, puis publie en 1960 La Promesse de l'aube, récit autobiographique dans lequel il évoque avec truculence et nostalgie l'extravagance de sa mère.