LA RECHERCHE DE L'ABSOLU, Honoré de Balzac Fiche de lecture
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La Recherche de l’absolu est un roman d’Honoré de Balzac (1799-1850) publié en 1834 chez Mme Charles-Béchet, au sein d’un ensemble intitulé Scènes de la vie privée, lui-même inclus dans les Études de mœurs. Une nouvelle édition paraîten 1839 chez Charpentier et sera intégrée à La Comédie humaineen 1845, cette fois dans les Études philosophiques. Le roman n’a connu ni le succès ni la postérité d’Eugénie Grandet, qui l’a précédé, ou du Père Goriot qui l’a suivi. On le tient souvent pour une œuvre mineure, à tort si l’on en croit l’auteur lui-même, qui lui accordait une importance toute particulière.
Une passion dévorante
Le récit débute en 1812, à Douai, dans la riche demeure d’une lignée d’artisans flamands, les Claës, dont l’histoire remonte au xvie siècle. Balthazar, héritier de la dynastie, a épousé en 1795 Joséphine de Temninck, dont il a eu quatre enfants. Quinze années durant, il a été un mari et un père aimant et attentionné. Mais, en 1809, un changement brutal s’est opéré en lui à la suite de sa rencontre avec un officier polonais, Adam de Wierzchownia, ancien chimiste que la misère a contraint à entrer dans l’armée. Ce dernier a exposé à Balthazar – lequel a lui-même, étudié la chimie auprès de Lavoisier dans sa jeunesse – l’état de ses recherches sur « l’absolu », c’est-à-dire rien moins que « la substance commune à toutes les créations », clé du mystère de la matière. Ce récit exalté a convaincu le notable de poursuivre et mener à bien la quête de Wierzchownia.
Dès lors, enfermé dans son laboratoire, Balthazar Claës, indifférent au bonheur et à la prospérité des siens, se voue corps et âme à cette entreprise chimérique, se ruinant dans l’achat d’instruments et de produits. Ébranlé par la détresse de sa femme, il s’engage à renoncer à ses travaux, et donne une fête en l’honneur de sa fille aînée, Marguerite. Mais, dans les mois qui suivent, l’ennui l’accable, et son épouse le délie de sa promesse. Il reprend alors ses expérimentations, et ses dépenses. De désespoir, Joséphine tombe malade. Un nouvel emprunt gagé sur les propriétés familiales lui donne le coup de grâce. Claës assiste à sa mort, écrasé par la culpabilité.
Avec l’aide du notaire Pierquin et du jeune Emmanuel de Solis, dont elle est amoureuse, Marguerite parvient à empêcher légalement son père de dépouiller ses enfants, puis lui obtient une place de receveur des finances en Bretagne, qu’il se résout à accepter. Au bout d’un an, Marguerite a réussi à rééquilibrer tant bien que mal la situation financière, et fait revenir son père. De retour à Douai, rétabli dans ses droits paternels, il assiste aux mariages d’Emmanuel avec Marguerite et de Pierquin avec sa sœur Félicie. Durant les trois années qui suivent, Emmanuel et Marguerite partagent la maison avec Balthazar, qui semble délivré de son obsession. En 1828, il leur faut partir en Espagne. Ils y restent jusqu’au milieu de l’année 1830, lorsqu’ils reçoivent une lettre de Félicie les informant que leur père est retombé dans sa monomanie. Rentrés précipitamment à Douai, ils découvrent la maison dans un état de délabrement complet. Le vieux Claës, qui vit misérablement, est devenu un objet de scandale et de moquerie dans toute la ville. Harcelé par des enfants dans la rue, il est frappé de paralysie. Quelques mois plus tard, on lui lit dans le journal la nouvelle d’un « procès relatif à la vente qu’un célèbre mathématicien avait faite de l’absolu ». Il meurt en criant « Euréka ».
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Écrit par
- Guy BELZANE : professeur agrégé de lettres
Classification
Média
Autres références
-
BALZAC HONORÉ DE (1799-1850)
- Écrit par Maurice MÉNARD
- 15 002 mots
- 3 médias
...Dans la vie réelle, dans la société, les faits s'enchaînent si fatalement à d'autres faits qu'ils ne vont pas les uns sans les autres. » Ou encore dans La Recherche de l'Absolu : « De part et d'autre, tout se déduit, tout s'enchaîne. La cause fait deviner un effet, comme chaque effet permet de remonter...