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LA RÉPUBLIQUE, Platon Fiche de lecture

Platon - Athènes - crédits : AKG-images

Platon - Athènes

« J'étais descendu, hier, au Pirée avec Glaucon, fils d'Ariston » (ce dernier n'est autre que le père de Platon). Ainsi commence La Républiquede Platon (428 env.-347 env. av. J.-C.) – en grec Politeia, « Du régime politique », ou Peri dikaiou, « Sur la justice » –, sans doute le plus célèbre des livres de philosophie. C'est Socrate qui parle : il s'apprête à rapporter ses conversations de la veille avec deux jeunes gens d'Athènes, Glaucon et son frère Adimante.

Sur la justice

La discussion s'engage avec le vieillard Céphale, puis avec son fils, le bouillant Polémarque. Qu'est-ce que la justice ? « Rendre à chacun ce qu'on lui doit » ? « Faire du bien à ses amis et du mal à ses ennemis » ? Une intervention brutale du sophiste Thrasymaque contraint Socrate à se demander si la justice apporte quelque avantage au juste : est-elle alors désirée pour elle-même, ou pour le bien qu'elle procure ? S'efforçant de la définir, Socrate propose de considérer non plus l'individu, mais la cité dans son ensemble (polis). Il décrit la complexité des besoins humains, la diversité des métiers qui en résulte. Juges et médecins n'apparaissent dans la vie sociale que pour soigner des troubles, qu'une bonne éducation (musique, gymnastique, poésie étroitement contrôlée) et un bon gouvernement (celui de « philosophes » gardiens de la cité) auraient évités. Le meilleur régime politique sera donc le régime des meilleurs, qu'il soit celui d'un seul (royauté) ou de plusieurs (aristocratie). Les gardiens, « comme des chiens de garde », connaîtront l'égalité entre les sexes : ainsi les femmes auront les mêmes occupations que les hommes (la gymnastique par exemple, dans la même nudité qu'eux) ; les enfants seront éduqués collectivement, les mères ne reconnaîtront pas les fils, les frères pourront épouser les sœurs... Un tel idéal est-il réalisable ? Le « philosophe » tel que l'entend Socrate fournit du moins une approximation de ce que pourrait être le « gardien » ou le roi selon ses vœux. Certes, dans les régimes existants, le « naturel philosophe » est en butte à de telles pressions (celle en particulier de l'opinion, relayée par les sophistes) qu'il se réfugie dans la solitude. Ce naturel est exigeant : il ne se satisfait pas des apparences.

Au livre VII, Socrate expose le mythe de la caverne (514a-517a) : des hommes qui n'auraient connu que l'obscurité, et les ombres projetées sur la paroi de leur grotte, ne supporteraient pas la lumière si d'aventure on brisait leurs liens ; elle les éblouirait au point de les empêcher de distinguer ce qu'ils voyaient dans la pénombre, aussi ne pourraient-ils que la fuir. Rares sont ceux qui tenteraient de s'accoutumer lentement à sa vérité : si celui qui y parvenait « revenait à sa place, n'aurait-il pas les yeux emplis d'obscurité, pour être venu subitement du plein soleil ? » Et ne serait-il pas condamné par ceux qui seraient demeurés dans la caverne ? Aussi le philosophe qui accepte de se soucier de la chose publique doit-il prendre sur lui d'affronter l'incompréhension. Le régime aristocratique ne peut naître que d'un programme volontariste qui aura repéré les meilleurs, les aura éduqués et isolés pour la contemplation du bien, avant de les mener à la tête de la cité. En comparaison, les autres régimes apparaissent comme des dégradations de cet idéal ; le sage y participe, mais du dehors : le modèle qu'a exposé Socrate lui permet du moins, « en le regardant, de se gouverner lui-même » (592b). Est-ce que l'enjeu n'est pas, dès lors, la philosophie elle-même, dont La République produit l'acte de naissance ? Le livre X et dernier s'emploie à distinguer radicalement le [...]

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