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LA SEINE MUSICALE, Boulogne-Billancourt

Un nid de bois sur un navire de béton

Le projet des architectes, associés depuis 2003, consiste en un assemblage de plusieurs programmes unifiés par un socle de béton. Le complexe occupe presque intégralement la parcelle de plus de 300 mètres de long, soit près d’un tiers de l’île. L’élément phare, l’auditorium, adopte la forme d’un œuf dont la structure en résille de bois est protégée par des vitrages teintés. Sa salle « en vignoble » de 1 150 places est destinée à la musique non amplifiée. Les places, réparties en terrasses autour de l’orchestre, offrent une acoustique de qualité et une proximité rare avec les musiciens. Les murs et les plafonds sont recouverts de bois tressé et de sections de tubes de carton, signature de Shigeru Ban. Entre la double-peau de béton de l’auditorium et la peau de verre extérieure, des coursives suspendues permettent de circuler au plus près des piliers de béton et de la résille de bois, avec vue sur la Seine. En rotation permanente autour de l’auditorium, une voile de 45 mètres de haut ornée de panneaux photovoltaïques assure à l’équipement vitré une ombre indispensable et une certaine autonomie énergétique, labellisée haute qualité environnementale (HQE).

Au pied de l’auditorium, un vaste parvis surplombe les locaux de l’orchestre en résidence, Insula Orchestra. Au-delà, un escalier monumental dessert la pointe aval de l’île, espace de promenade privilégié.

De l’autre côté de l’auditorium, au cœur de la parcelle, la grande salle polyvalente de 4 000 à 6 000 places accueille les concerts de musique amplifiée. Sa scène inclinable montée sur vérins hydrauliques et ses gradins rétractables permettent également d’accueillir tous les types de spectacle vivant. Édifice introverti contrairement à l’auditorium, la salle est recouverte par un jardin en toiture (Bassinet Turquin Paysage) et ne se devine de l’extérieur que par l’étagement progressif du socle de béton.

Le sud-est de la parcelle, enfin, est occupé par le bâtiment de la maîtrise des Hauts-de-Seine (chœur d’enfants de l’Opéra de Paris). Simple parallélépipède doté d’un écran LED de 800 mètres carrés, il semble émerger au cœur du socle de béton, qui laisse place à un parvis desservi directement par le pont Renault.

Jean de Gastines et Shigeru Ban ont su tirer parti des contraintes du plan directeur de l’île, et notamment celle de préserver la circulation publique pour inventer un véritable « voyage » au cœur d’une cité musicale : face à Boulogne, une rue intérieure publique traverse le projet longitudinalement. Percée de vastes baies et ponctuée de piliers de béton obliques, elle dessert les salles de spectacle, mais aussi les studios d’enregistrement, les espaces dédiés aux entreprises, le foyer, les restaurants et boutiques.

On retrouve dans cette capacité à articuler les espaces, à fluidifier une succession de programmes, les qualités du duo franco-japonais qui s’était notamment illustré avec le Centre Pompidou-Metz, inauguré en 2010. Pour ce qui constitue le premier équipement de spectacle de leur carrière, les architectes livrent une œuvre complexe, imposante, qui prendra toute sa mesure lorsque le reste de l’île sera construit.

— Eve ROY

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Écrit par

  • : docteure en histoire de l'art

Classification

Média

La Seine musicale, Shigeru Ban et Jean de Gastines - crédits : Didier Boy de la Tour

La Seine musicale, Shigeru Ban et Jean de Gastines