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LA SENTE ÉTROITE DU BOUT-DU-MONDE, Bashō Fiche de lecture

Matsuo Munefusa, dit Bashō (1644-1694), est considéré comme l'un des plus grands parmi les poètes japonais. Son œuvre excelle dans la maîtrise du haikai-renga, ou « poème libre en chaîne ». Il donne ses lettres de noblesse au haiku, poème en dix-sept syllabes, mais surpasse son art dans le genre particulier du haibun, à savoir une prose poétique entremêlée de haiku. La Sente étroite du Bout-du-Monde relève du kikō, c'est-à-dire, au sens propre des « notes de voyage ». Ce récit, au titre original de Oku no Hosomichi, relate un voyage effectué en 1689 à travers les montagnes du nord et du centre du Japon.

Un périple poétique

Bashō, dont le surnom vient de l'« Ermitage-au-Bananier » où il s'était installé (« bashō » signifie « bananier » en japonais), passe l'essentiel de son existence en sédentaire. Toutefois, en 1683, un incendie le contraint à quitter sa retraite et à entreprendre un voyage. Il y prend goût, et ne cesse plus ses pérégrinations jusqu'à sa mort, à Ōsaka, en 1694. Le déplacement est pour lui, comme pour les auteurs de kik̄o depuis le xiiie siècle, l'occasion de décrire la majesté des paysages contemplés. Mais là, où, trop souvent, les « notes de voyage » se limitent à des descriptions banales, Bashō prolonge son art du dire par un art du penser : l'émotion esthétique s'achève en méditation. Le chemin suivi par Bashō est jalonné d'évocations de faits ou de lieux historiques, tel Hiraizumi, où périt en 1189 Minamoto no Yoshitsune, l'un des héros les plus populaires de l'épopée japonaise. Affluent également les souvenirs littéraires ou les hymnes à la beauté d'un lieu fameux, telle la baie de Matsushima. La particularité de Bashō est également d'employer, pour son récit de voyage, un langage très simple, accessible à tous. Les occasions de décrire les beautés naturelles sont nombreuses au long du chemin, Bashō n'hésitant jamais à l'allonger pour aller contempler une certaine lumière, un reflet sur les eaux, un groupe d'arbres aux formes capricieuses. Cependant, le recueil ne manque pas d'humour, quand il s'agit de mettre en scène les désagréments qui peuvent attendre le voyageur au cours de son périple. Ainsi d'une halte forcée, où Bashō, contraint par les éléments déchaînés, doit subir un séjour et une compagnie dont il se passerait volontiers : « Je gravis une haute montagne et, comme déjà le jour tombait, avisant la maison d'un garde-frontière, je lui demandai l'hospitalité. Trois jours durant, le vent et la pluie firent rage, et je séjournai dans cette montagne disgraciée : Les poux et les puces/ Et le cheval qui lâche son urine/ Près de mon chevet. »

Cette remarque désabusée illustre bien ce qu'est le haibun, prose poétique ponctuée de haiku.

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  • BASHŌ (1644-1694)

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    ...du précédent, par Yoshino, site fameux chanté par Saigyō ; Sarashina-kikō, en automne 1688, retour à Edo par la province de Shinano, avec Etsujin ; Oku no Hosomichi, du printemps à l'automne 1689, avec Sora, long périple qui les mène d'Edo à Ise, en passant par les provinces septentrionales. C'est,...