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LA SOCIÉTÉ DE L'UBIQUITÉ : COMMUNICATION ET DIFFUSION, Jean Cazeneuve Fiche de lecture

Au moment où paraît La Société de l'ubiquité, Jean Cazeneuve a déjà consacré plusieurs ouvrages au thème de la communication (Sociologie de la radio-télévision et La Grande Chance de la télévision en 1963, Les Pouvoirs de la télévision en 1970). Prolongés par L'Homme téléspectateur (1974) et le guide des Communications de masse (1976), ses travaux en la matière sont issus à la fois des recherches qu'il mène et des enseignements qu'il dispense en tant que professeur de sociologie à la Sorbonne, et de l'expérience tirée des diverses fonctions qu'il occupe dans le monde audiovisuel (administrateur de l'O.R.T.F. de 1964 à 1974, président du comité des programmes de la télévision de 1971 à 1974, président-directeur général puis président d'honneur de T.F.1). Pour se présenter comme une analyse des formes et avatars modernes du mythe et du sacré, la problématique des mass media ici développée témoigne également de la formation en ethnologie de l'auteur.

Une critique de la sociologie des médias

Après un rapide passage en revue des différentes méthodes utilisées pour analyser les mass media et des orientations nouvelles en la matière (première partie), l'ouvrage recense les diverses catégories de public de la télévision et les rapproche des types d'émissions regardées pour dégager trois attitudes caractéristiques : acceptation, critique, accommodation. Suit un chapitre consacré aux élites dans lequel sont présentés les principaux résultats d'une enquête menée selon trois grands axes (jugements généraux sur la télévision, son rapport avec la culture, ses effets et son rôle). Elle montre qu'un niveau culturel élevé entraîne moins des goûts et des choix de programmes particuliers qu'un sentiment de culpabilité et des opinions ambivalentes (deuxième partie).

La troisième partie porte sur la question devenue classique des effets que peuvent produire les mass media sur le public. À côté des analyses quantitatives qui établissent sans nuances la présence massive de la violence dans ces derniers, et des réponses peu satisfaisantes qu'apportent les approches qualitatives concernant l'influence éventuelle des messages agressifs sur les comportements, Jean Cazeneuve évoque plusieurs enquêtes mettant en cause la responsabilité de la télévision en matière d'élévation du niveau de violence des individus et de la société. Cependant, des recherches menées sur les enfants et sur la vie de famille tendent, au contraire, à minimiser son influence.

Après avoir relativisé les différents arguments avancés pour justifier le rôle négatif des médias sur la formation des esprits (standardisation des produits et homogénéisation des publics, démagogie et abaissement du niveau intellectuel), la quatrième partie revient de manière critique sur les thèses qui ont été soutenues à l'égard de la culture de masse (Edgar Morin, Pierre Bourdieu, Marshall McLuhan), puis sur les fonctions de démystification et de spectacularisation de la télévision.

Considérant d'abord les mass media comme des facteurs à la fois d'homogénéisation et de diversification des espaces sociaux, l'auteur explore, dans la cinquième partie, les évolutions techniques à venir des moyens de diffusion, ainsi que la relation entre les nouveaux systèmes de communications et le développement des pays du Tiers Monde.

La dernière partie s'intéresse aux transformations de la stratification sociale et aux modifications des échelles de valeur et des centres d'intérêt qu'induit l'expansion des mass media. Ces derniers font de l'industrie des loisirs, comme trait structurel distinctif de la vie moderne, un spectacle qui promeut au rang d'idoles et d'élites de prestige les différents protagonistes du monde du sport, de la musique et du cinéma en[...]

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Écrit par

  • : docteur en sociologie, D.E.A. de philosophie, maître de conférences à l'université de Paris V-Sorbonne

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