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LA TEMPÊTE, William Shakespeare Fiche de lecture

Comptant parmi les dernières pièces de William Shakespeare (1564-1616), La Tempête, qui fut jouée pour la première fois en 1611, est une tragi-comédie romanesque, comme Pericles (1609) ou Le Conte d'hiver (1623). Ce genre dramatique est caractérisé par un dénouement heureux succédant à des événements dramatiques, et accorde au surnaturel une place non négligeable. Il s'agit d'une pièce énigmatique, qui semble inviter le spectateur ou le lecteur à une interprétation symbolique, tout en résistant aux tentatives d'élucidation. Les critiques ne s'accordent pas plus sur le thème principal que sur la tonalité de la pièce : mise en scène d'une restauration monarchique et de l'apprentissage de la sérénité, selon les uns, ou pièce marquée du sceau de la mélancolie et du renoncement dans un univers entaché par la déréliction et l'existence du mal, selon les autres. On a ainsi pu lire La Tempête comme le testament de Shakespeare, en voyant dans la célébration des pouvoirs magiques du démiurge Prospero une mise en abyme du théâtre, qui débouche finalement sur le renoncement aux arts de l'illusion et la résignation devant la condition humaine. Ainsi, lorsque Prospero interrompt le « masque » (ou divertissement allégorique) offert à Miranda et à Ferdinand à l'acte IV, il propose une réflexion sur la magie éphémère du théâtre – le Globe, ne l'oublions pas, était aussi le nom du théâtre de Shakespeare –, un théâtre qui est aussi l'image du monde : « Nos divertissements sont finis. Ces acteurs,/ J'eus soin de le dire, étaient tous des esprits :/ Ils se sont dissipés dans l'air, dans l'air subtil./ Tout de même que ce fantasme sans assises, [...]/ Les temples solennels et ce grand globe même/Avec tous ceux qui l'habitent, se dissoudront,/S'évanouiront tel ce spectacle incorporel/Sans laisser derrière eux ne fût-ce qu'un brouillard./ Nous sommes de la même étoffe que les songes/Et notre vie infime est cernée de sommeil... » (acte IV, scène 1).

Une mise en scène de l'expiation

Shakespeare reprend dans La Tempête un thème qui lui est familier, celui de l'usurpation : évincé par son propre frère Antonio (aidé du roi de Naples, Alonso) alors qu'il se consacrait à la philosophie et à l'occultisme, le duc de Milan, le prince-philosophe Prospero, trouve refuge avec sa petite fille Miranda sur une île de la Méditerranée. Là, il impose son pouvoir à l'aide de la magie à des esprits, parmi lesquels Ariel, qu'il maintient en esclavage, tout comme Caliban, fils de la sorcière Sycorax et véritable possesseur de l'île. Douze années plus tard, et c'est le début de la pièce, Prospero provoque une tempête pour faire échouer le navire transportant Antonio et Alonso, accompagnés de courtisans, de serviteurs et de Ferdinand, fils du roi de Naples. La pièce qui, exceptionnellement dans l'œuvre shakespearienne, respecte les trois unités, montre comment Prospero va mettre en scène sa vengeance en imposant à ses adversaires une série d'épreuves qui les conduira sur le chemin du repentir.

À cet égard, l'île de Prospero est très proche du « monde vert » des premières comédies, ce lieu, généralement pastoral, de tous les errements où l'individu apprend finalement à se corriger de ses excès passionnels pour revenir purifié à la société. Certes, Prospero apparaît comme une figure monarchique et paternelle quelque peu autoritaire ; mais, par l'abandon de la magie et la modération de sa vengeance, il montre de manière spectaculaire l'importance de la maîtrise des passions. Au dénouement, il absout son frère, qui cependant reste silencieux, et prononce cette phrase énigmatique à propos du sauvage Caliban, veule et menteur, qu'il libère néanmoins de ses chaînes : « Quant à lui, cette créature de ténèbres,/ Il est à moi »[...]

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Écrit par

  • : agrégée d'anglais, ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, maître de conférences à l'université de Paris-VIII-Saint-Denis

Classification

Autres références

  • SHAKESPEARE WILLIAM (1564-1616)

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    • 5 médias
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