Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LA TRAVIATA (G. Verdi)

Verdi - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Verdi

La première représentation de La Traviata, le 6 mars 1853 à La Fenice de Venise, se solde par un échec retentissant. Raison immédiate : le manque de crédibilité des interprètes de la création (la corpulence de Fanny Salvini-Donatelli s'accorde peu au personnage de Violetta et Felice Varesi, qui incarne Giorgio Germont, n'est plus en pleine possession de ses moyens). Raison plus profonde : le sujet paraît inconvenant au goût aristocratique. A-t-on jamais vu un grand opéra tragique mettre en scène une courtisane ? La « traviata », la « dévoyée », inspirée au librettiste Francesco Maria Piave par la Marguerite Gautier de La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils, elle-même tirée du personnage réel d'Alphonsine Plessis (dite Marie Duplessis), fit si peur à la censure que l'on exigea, pour la reprise de l'ouvrage au Teatro San Benedetto de Venise, le 6 mai 1854, une transposition de l'action sous Louis XIV. Mais la société décadente brocardée par Verdi sut très bien voir le miroir qu'on lui tendait. Bientôt s'imposa ce magnifique portrait de femme dont la légèreté de mœurs cache une grandeur d'âme peu commune. L'opéra romantique italien entrait ainsi dans une nouvelle phase en quittant la mythologie ou l'Antiquité, et Verdi abandonnait pour la première fois l'évocation historique pour peindre en musique des destinées humaines contemporaines. Commencée avec Rigoletto, en 1851, cette évolution verdienne ne se démentira plus.

— Christian MERLIN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé de l'Université, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Lille-III-Charles-de-Gaulle, critique musical

Classification

Média

Verdi - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Verdi