VEHME LA
Institution judiciaire, implantée surtout en Westphalie à la fin du Moyen Âge, la Vehme ou Sainte-Vehme a inspiré la crainte dans de nombreux milieux ; le romantisme lui a conféré ses lettres de noblesse. Tribunal indépendant des princes territoriaux, elle revendique l'investiture de l'empereur qui lui confère son appui. Charles IV l'a utilisée pour assurer la paix féodale et Wenceslas lui accorde, en 1382, le droit d'appel dans tout l'Empire. Son succès tient également au morcellement de la justice et aux difficultés des roturiers d'obtenir justice. Les tribunaux sont composés d'échevins, paysans libres, qui sont les seuls à connaître les règles secrètes de procédure. Leur compétence se limite aux refus de conformité au droit et aux crimes de sang. Dispensant une justice expéditive, la Vehme ne prononce que deux verdicts, l'acquittement et la condamnation capitale exécutée dans les plus brefs délais. Elle a connu son apogée au xve siècle, puisqu'elle cita même à comparaître l'empereur Frédéric III en 1473. Cependant, les nobles et les patriciens accaparent rapidement les fonctions d'échevins, d'où des abus qui incitent la grande majorité des princes et des villes à interdire à leurs sujets tout contact avec la Vehme. Les progrès des tribunaux princiers entraînent au début du xvie siècle le déclin rapide de celle-ci.
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Écrit par
- Bernard VOGLER : docteur ès lettres, professeur d'histoire de l'Alsace à l'université de Strasbourg-II
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