LA VIE DE GALILÉE (mise en scène C. Stavisky)
Réflexion sur l’humanisme
Créée au Théâtre de la Scala à Paris le 10 septembre 2019, à partir de la traduction d’Eloi Recoing (éditions de l’Arche), la mise en scène de Claudia Stavisky, qui dirige le Théâtre des Célestins de Lyon depuis l’année 2000, est une belle réussite. Sans didactisme ni recherche du spectaculaire, mais avec intelligence et une belle clarté, elle réussit à en mettre en lumière les enjeux et à souligner leur impact, ouvrant sur une relation avec l’époque contemporaine, restituant la densité du texte et son souffle épique tout en estompant certaines de ses pesanteurs. La représentation se déroule dans la scénographie sobre aux tonalités mouvantes de Lili Kendaka – qui ne sont pas sans éveiller des réminiscences avec certaines peintures flamandes du xviie siècle –, sous les lumières de Frank Thévenon, avec l’apport des vidéos atmosphériques de Michaël Dusautoy. Ancien sociétaire de la Comédie-Française, Philippe Torreton est un Galilée pétillant, subtil et admirable, qui a peut-être trouvé une part d’inspiration dans l’engagement politique dont il a fait preuve par le passé. Il révèle avec adresse l’humanisme, les contradictions et roublardises qui caractérisent le personnage de Galilée, les différentes facettes de son amour de la vie et de ses plaisirs. Il est entouré d’une dizaine d’excellents comédiens, parmi lesquels Michel Hermon, Nanou Garcia, Guy-Pierre Couleau, Benjamin Jungers ou Frédéric Borie, qui interprètent successivement plusieurs personnages, tous en harmonie avec les options expressives retenues par la metteuse en scène.
En juin 2019, Éric Ruf avait donné à la Comédie-Française, dans la même traduction, une version de la pièce qui faisait suite à l’entrée au répertoire de La Vie de Galilée dans la mise en scène d’Antoine Vitez en mars 1990, avec Roland Bertin dans le rôle-titre. Elle s’inscrivait dans un souhait du spectaculaire alimenté par le décor conçu par le metteur en scène, composé de reproductions de toiles de grands maîtres, avec les somptueux costumes de Christian Lacroix. Hervé Pierre, entouré de vingt-cinq comédiens, y campait un Galilée de belle facture, mais la représentation apparaissait en total décalage avec l’univers de Brecht.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean CHOLLET : journaliste et critique dramatique
Classification
Média