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LA VOLUPTÉ DU GOÛT (exposition)

Reconnue d'intérêt national par le ministère de la Culture, organisée sous l'égide de FRAME (French Regional & American Museum Exchange), un groupement de vingt-quatre musées régionaux français et musées américains, créé en 1999, l'expositionLa Volupté du goût. La peinture française au temps de Madame de Pompadour était coproduite par le musée des Beaux-Arts de Tours (11 octobre 2008-12 janvier 2009) et le Portland Art Museum (Portland, Oregon, 7 février-17 mai 2009). Son ambition était de montrer la diversité de la peinture française du milieu du xviiie siècle, entre 1745 et 1765. Une époque complexe, caractérisée par une conception du beau plus subjective qu'elle ne l'était au Grand Siècle, et qui voit l'émergence, entre sphère publique et sphère privée, de genres moins codifiés – une peinture mythologique gracieuse, une peinture de genre à dimension morale, la nature morte, le portrait, le paysage – qui s'imposent face à la hiérarchie traditionnelle définie par l'Académie royale de peinture et de sculpture.

À l'appui de cette démonstration, une soixantaine d'œuvres significatives de Charles et Antoine Coypel, Chardin, Boucher, Jean-Baptiste-Marie Pierre, Louis-Michel et Carle Van Loo, Greuze, Drouais, Deshays, Hubert Robert, Fragonard, Vernet, Vien, et quelques autres, provenant de musées français et américains, avaient été réunies par les commissaires, Philippe Le Leyzour, conservateur en chef du musée des Beaux-Arts de Tours, et Penelope Hunter-Stiebel, consulting curator of European art au Portland Art Museum. Le musée de Tours, installé dans l'ancien palais archiépiscopal, élégant ensemble de bâtiments et de décors intérieurs des xvie, xviie et xviiie siècles, riche en collections de peintures et d'arts décoratifs de l'époque, leur offrait un écrin idéal.

La marquise de Pompadour, maîtresse puis amie et conseillère de Louis XV, joue dans cette évolution un rôle central. Le destin de cette roturière est emblématique de la révolution des Lumières. Son installation à la cour bouleverse les traditions. Le rôle qu'elle s'est donnée de « protectrice des arts » – rôle qu'elle exerce à travers les commandes passées pour ses résidences personnelles, son influence sur les choix du roi et la nomination de son frère, le marquis de Marigny, comme directeur et ordonnateur général des Bâtiments du roi – contribue à encourager l'essor d'un art où le talent et le sentiment occupent désormais, toutes proportions gardées, plus de place que le respect des principes et des règles.

Comme on pouvait le vérifier tout au long de l'exposition, cet art, qui n'est plus porté par un goût prétendant à l'universel, est en fait partagé entre les plaisirs de l'illusion, dont la finalité est essentiellement décorative et narrative, et un désir de vérité absolue dans l'imitation de la nature. Quoi de plus différent à cet égard que Le Pigeonnier de Boucher (1758, The Saint Louis Art Museum) et La Bergère des Alpes de Claude Joseph Vernet (1762, musée des Beaux-Arts, Tours), ou encore que Les Blanchisseuses de Fragonard (1765, musée des Beaux-Arts, Rouen) et L'Accordée de village de Greuze (1761, musée du Louvre, Paris) ? Rien, si ce n'est l'attention portée de part et d'autre à la matière picturale et à la qualité de l'exécution, ce beau « faire » qui est l'un des fils directeurs de la peinture du temps.

La manière de traiter le sujet, c'est-à-dire le brio de l'artiste et le regard qu'il porte sur la nature, compte en effet autant voire davantage que le sujet lui-même : Boucher y excelle dans ses mythologies et ses scènes religieuses d'une grâce renouvelée (La Lumière du monde, 1750, musée des Beaux-Arts, Lyon), tout comme Chardin dans ses natures[...]

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