BAÏKAL LAC
La mobilisation de l'opinion publique et les mesures adoptées
Dès les années 1960, écrivains et scientifiques se mobilisent et manifestent, permettant ainsi d'éviter la construction de plusieurs combinats de pâte à papier envisagée par les autorités sur les rives du Baïkal. Peu à peu, la prise de conscience de l'opinion publique prend forme. En 1987, un mouvement informel pour la défense du lac Baïkal s'organise et recueille cent sept mille signatures en signe de protestation contre des mesures adoptées par les autorités locales prévoyant de déverser les eaux usées du combinat de pâte à papier de Baïkalsk dans la rivière Irkout, affluent de l'Angara. La pétition permet de faire échouer le projet. Plusieurs mouvements s'organisent, dont le plus important est la fondation Baïkal, créée en 1989, qui compte des personnalités telles que l'écrivain Raspoutine ou le professeur Galazy.
Après trois résolutions infructueuses en 1969, 1971 et 1977, c'est en avril 1987 que le comité central du Parti communiste et le Conseil des ministres de l'U.R.S.S adoptent une résolution intitulée « Mesures destinées à assurer la protection et l'utilisation rationnelle du bassin du Baïkal pour la période 1987-1995 ». Ces mesures prévoient que toutes les entreprises de la région devront être équipées d'installations adéquates pour l'épuration des rejets de gaz et que toutes les sources de pollution thermique se trouvant dans un périmètre de 45 kilomètres autour du Baïkal devront être remplacées par des installations électriques. Les principales entreprises de la région sont invitées à assurer leur approvisionnement énergétique avec un combustible « propre », le gaz naturel. Une réglementation de la navigation, notamment durant la période de frai des coméphores, est mise au point ; elle précise notamment que les transports de produits pétroliers devront être réduits au minimum. Des actions concernant l'exploitation forestière sont entreprises : un terme est mis au flottage à perte du bois et au remorquage de train de bois sur le lac. Le bois est désormais transporté uniquement par péniche ou par route. Depuis 1988, la coupe industrielle du bois est totalement interdite sur les 3 millions d'hectares de forêts entourant le lac Baïkal. La résolution de 1987 prévoyait en outre que l'usine de cellulose et de carton de la Sélenga fût dotée d'un système d'adduction d'eau en circuit fermé, ce qui a été fait en 1991. Les trois réserves naturelles et les deux parcs nationaux qui entourent le lac Baïkal ont été déclarés « zones protégées ».
Après bien des amendements, le projet de loi définitif sur la « sauvegarde du lac Baïkal » a vu le jour en juillet 1993 et, au niveau fédéral exécutif, une résolution du Conseil des ministres de la fédération de Russie du 12 juillet 1993 a annoncé la création de la Commission sur le Baïkal, chargée de vérifier l'application de la loi sur la « sauvegarde du lac Baïkal ».
La communauté locale, les organisations non gouvernementales et le gouvernement de la fédération de Russie font tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger l'environnement du lac Baïkal. C'est pourquoi la coopération et l'expérience internationales revêtent une très grande importance. Le Baïkal offre des perspectives immenses au niveau planétaire. Il garantit des possibilités de recherches fondamentales pour l'étude de l'évolution de la Terre ou de la tectonique des plaques. L'ouverture des frontières de la Russie favorise les échanges entre scientifiques et l'étude de travaux en commun : plus de mille chercheurs se penchent déjà sur chaque aspect du lac. Il est nécessaire que la communauté internationale ne perde pas l'occasion qu'offre le changement politique dans cette partie du monde pour préserver cette région unique au profit des générations[...]
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Écrit par
- Laure ARJAKOVSKY : directeur de l'Association Sibérie-Mongolie, Paris
- Pierre CARRIÈRE : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres
Classification
Médias
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