LACATON ET VASSAL
Formée en 1987, l'agence Lacaton & Vassal s'est imposée au début des années 2000 comme l'une des valeurs sûres de l'architecture française. Cette reconnaissance peut sembler paradoxale si l'on considère qu'elle consacre une démarche en grande partie fondée sur la retenue, – le retrait, pourrait-on dire – de l'architecture : une démarche que l'on pourrait historiquement interpréter comme une réaction à l'abondance de signes et de détails qui a caractérisé l'architecture des années 1980. Ce retrait n'est cependant qu'apparent. Il cache un investissement total dans la résolution et le dépassement des contraintes du projet, le seul luxe qui vaille étant, selon les deux architectes, l'espace.
Priorité à l’usage
Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal sont nés respectivement le 2 août 1955 à Saint-Pardoux-la-Rivière (Dordogne) et le 22 février 1954 à Casablanca (Maroc). Tous deux diplômés de l'école d'architecture de Bordeaux en 1980, ils s'associent en 1987, après avoir mené des parcours très différents, la première au sein du laboratoire et de l'atelier pédagogique du centre d'architecture Arc en rêve à Bordeaux (1982-1988), le second à travers une expérience d'architecte et d'urbaniste de cinq ans conduite au Niger. En 1991, ils sont lauréats du concours national des Albums des jeunes architectes et paysagistes (AJAP). L’agence Lacaton & Vassal se fait ensuite remarquer en 1993 avec la maison Latapie à Floirac, près de Bordeaux : cette habitation économique, sur plan carré, est fermée côté rue par un bardage de fibrociment et côté jardin par une grande serre transparente en PVC, qui délimite un espace habitable et ouvert à la fois.
Les architectes inscrivent ici leur travail dans la lignée de celui mené par Jean Nouvel et Jean-Marc Ibos pour l'immeuble Nemausus de Nîmes en 1987 : il s’agit de repenser chacun des termes du programme pour augmenter la surface du logement et, à ce titre, considérer l'usage comme une donnée prioritaire. C'est aussi au minimalisme et à l'exactitude de Mies van der Rohe que se réfère Lacaton & Vassal : « La boîte, le parallélépipède : que faire d'autre ? La maison Farnsworth, et après ? », écrivent-ils dans le catalogue Il fera beau demain de l'Institut français d'architecture, en 1995, évoquant la demeure construite par Mies van der Rohe en 1951 près de Plano dans l'Illinois.
La fabrique du projet consiste selon eux à « traquer chaque détail un peu compliqué comme la conséquence d'une erreur de réflexion. [...] Une certaine rage à organiser, caler, calculer, compresser, coter, recommencer, lire et relire le programme, économiser, simplifier ». L'aménagement du musée archéologique de Saintes (1995), puis surtout celui du site de création contemporaine au Palais de Tokyo à Paris (2001), traduisent cette pensée par une extrême sobriété, de même que la maison construite à Lège-Cap-Ferret en Gironde (1999), ou l'immeuble de bureaux bâti à Nantes (2001), deux réalisations qui confirment la prédilection des architectes pour les structures métalliques.
Autre thème récurrent dans l'architecture de Lacaton & Vassal : la serre, dont ils exploitent les potentialités à plusieurs reprises après la maison Latapie. Son faible coût, sa flexibilité, ses qualités thermiques en font un élément de construction simple et efficace, qui plus est familier, que l'on retrouve au département Arts & sciences humaines de l'université Pierre-Mendès-France à Grenoble (réalisé en deux tranches : 1995 et 2001), dans la maison de Coutras en Gironde (2000), puis pour les quatorze logements sociaux conçus au sein de la Cité manifeste à Mulhouse (2004).
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Écrit par
- Simon TEXIER : professeur, université de Picardie Jules-Verne
Classification
Média
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