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FUKS LADISLAV (1923-1994)

Ladislav Fuks naît à Prague dans une famille aisée. Psychologue et historien de l'art de formation, il travaille de 1949 à 1955 dans une fabrique de papier, puis comme conservateur à la Direction du patrimoine et à la Galerie nationale. À partir de 1964, il vit de sa plume.

Il débute tardivement, à l'âge de quarante ans, avec Pan Theodor Mundstock (Monsieur Theodor Mundstock, 1963) – histoire dérisoire et pathétique d'un petit employé juif dans une Prague à l'heure nazie, qui, pour vaincre sa peur, s'exerce à envisager toutes les situations qu'il aura à affronter avant, pendant et après le transport vers un camp d'extermination et qui, finalement, meurt écrasé par un camion allemand en se rendant au lieu de rassemblement. Dès ce premier roman, Ladislav Fuks s'impose comme un des plus grands écrivains tchèques de sa génération. Tout son univers est déjà là, in nucleo, qui, – par son caractère fantomatique, où le réel se mêle au surnaturel et au fantastique – n'est pas sans rappeler celui des romans de Gustav Meyrink. Les personnages de Ladislav Fuks – souvent de petites gens sans défense – y sont constamment menacés par un Mal multiforme et omniprésent, qu'ils doivent affronter dans une lutte inégale et souvent vaine.

Suivent très rapidement des œuvres qui confirment le talent de l'auteur et qui le placent au premier plan de la littérature tchèque des années 1960 : Míčernovlasí břatri (Mes frères aux cheveux noirs, 1964), recueil de récits évoquant ses camarades juifs de lycée, disparus dans la Shoah, un roman aux éléments autobiographiques, Variace pro temnou strunu (Variations pour une corde grave, 1966), qui raconte l'arrivée du fascisme en Bohême vue par les yeux d‘un adolescent. La nouvelle Spalovač mrtvol (L'Incinérateur de cadavres, 1967, dont un film a été tiré en 1968) est l'histoire d'un père de famille modèle, employé d'un crématoire, qui succombe au mirage du pouvoir, pour devenir progressivement un exécutant fou et perverti du Mal absolu.

Pendant la période de la « normalisation » (1970-1980), Ladislav Fuks est un des rares écrivains tchèques importants qui continue à publier de manière officielle. Il s'écarte quelque peu des thèmes qui étaient jusqu'alors les siens en écrivant Myši Natalie Mooshabrové (Les Souris de Natalie Mooshabrová, 1970), à la fois récit d'épouvante et conte moral cruel, le roman policier psychologique Příběh kriminálního rady (Histoire d'un commissaire de la police criminelle, 1971), ainsi que le récit de science-fiction Oslovení ze tmy (L'Interpellation venant des ténèbres, 1972). Il publie même des œuvres « engagées » dont la facture est proche du « réalisme socialiste » : Návrat z žitného pole (Retour d'un champ de seigle, 1974), roman qui traite du dilemme – émigrer ou rester au pays – qui se posait aux intellectuels tchèques après la prise du pouvoir par les communistes en 1948, Pasáček z doliny (Le Petit Berger de la vallée, 1977), nouvelle qui a pour sujet la collectivisation de la campagne slovaque après la dernière guerre, et enfin, Křišt'álový pantoflíček (Le Soulier de cristal, 1978), évocation de l'enfance du « héros national » communiste, Julius Fučík, exécuté par les nazis.

Ce n'est qu'avec la nouvelle Obraz Martina Blaskowitze (Portrait de Martin Blaskowitz, 1980) que Ladislav Fuks revient aux thèmes et aux procédés de ses débuts. Pendant une nuit d'orage, le narrateur relate à un écrivaillon l'amitié entre des adolescents tchèques et allemands dans Prague à la veille de l'occupation nazie, et la mort atroce dans le bombardement de Dresde de son ami allemand Martin Blaskowitz.

Vaste fresque, le dernier roman de Ladislav Fuks, Vévodkyně a kuchařka (La Duchesse et la cuisinière[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences de tchèque à l'université de Bordeaux-III-Michel-de-Montaigne, chargé de cours de littérature tchèque à l'Institut national des langues et civilisations orientales, Paris

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