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LAÏCAT

Notion qui, dans les Églises chrétiennes et notamment dans l'Église catholique, recouvre une réalité ancienne, qui se trouve soumise aujourd'hui à une évolution notable. Le terme laïc (en latin ecclésiastique, laicus, qui vient du grec laos, « peuple ») ne se trouve pas dans la Bible, où il est question cependant soit du « peuple » au sens de population ou de foule, soit « des peuples », ou encore et surtout du « peuple de Dieu ». Le Nouveau Testament parle d'« élus », de « saints », de « frères ». Tous sont « mis à part » en raison d'un appel venu de Dieu. Parmi eux, il y a diversité de charismes. Certains exercent des fonctions particulières. Mais il n'y a pas de « laïcs » à proprement parler.

La distinction entre clerc et laïc apparaît clairement d'abord dans la première lettre de Clément en 95 environ. Elle s'approfondira durant les premiers siècles et dans la chrétienté sacrale du Moyen Âge. Les laïcs sont des membres à part entière du peuple de Dieu ; ils sont des fidèles du Christ, dont le Code de droit canonique pour l'Église latine (1983) et celui des canons pour l'Église d'Orient (1990) ont établi les devoirs et les droits propres aux chrétiens. Ils participent, par leur sacerdoce baptismal, de Jésus-Christ grand prêtre. Ils exercent une fonction prophétique de témoignage, de service et de communion dans les tâches familiales, professionnelles et dans celles qu'on qualifierait aujourd'hui de civiques ou de politiques. Une dignité « royale » leur est conférée en vertu de la résurrection du Christ.

L'esprit laïque apparaît à la fin du Moyen Âge : le « temporel » revendique son autonomie ; les princes refusent de se soumettre au pape dans les affaires qui les concernent ; la « commune » naît, indépendante du château ou du monastère ; tout un réseau d'activités économiques est mis en place ; l'intelligence elle-même s'affranchit de la pensée religieuse (G. de Lagarde, La Naissance de l'esprit laïque au déclin du Moyen Âge, t. I, Bilan du XIII siècle, Paris-Louvain, 1956).

Au xvie siècle d'abord se manifeste un renouveau du « laïcat » chez les humanistes (Érasme écrit l'Enchiridion militis Christi, 1501), puis la crise protestante nie qu'il y ait une différence de nature entre le sacerdoce du baptisé et le sacerdoce ministériel du prêtre, le pastorat n'étant qu'un service. Au xixe et au début du xxe siècle, le catholicisme libéral et le catholicisme social mettent en lumière le rôle spécifique des laïcs, leur façon de se situer dans l'Église et leur action dans le monde. L'Action catholique, dont Pie XI reconnaît l'initiative (d'abord due à la J.O.C. et au futur cardinal Cardjin) et qu'il couvre de son autorité et de son enseignement, délimite nettement les tâches des laïcs et celles des clercs. Mais cette évolution qui, curieusement, durcit des positions — on va jusqu'à parler d'une union sacerdoce-laïcat —, prépare d'autres renouveaux.

Lentement on redécouvre la notion de peuple de Dieu, qui finit par être consacrée au cours du concile de Vatican II, dont la Constitution Lumen Gentium proclame que l'Église est peuple de Dieu avant d'être institution hiérarchique. Depuis lors, de nombreuses mises en question sont apparues qui revêtent de multiples aspects et dont la « crise des vocations » à la prêtrise ou au pastorat n'est qu'une manifestation. De plus en plus nombreux, des baptisés refusent que, si le prêtre conserve dans l'Église un rôle spécifique, cela doive entraîner pour lui un genre de vie particulier et l'abstention de toute insertion professionnelle, de toute action syndicale ou politique, du mariage même. Ainsi la différence s'amenuise-t-elle considérablement entre les laïcs et les prêtres. Le laïcat est[...]

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