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LAISSE, littérature

La cellule de base, le couplet de la chanson de geste, unité de contenu et versification. De dimension variable, la laisse se caractérise par une même assonance ou rime. Elle est très souvent encadrée par un vers d'intonation et un vers de conclusion, le développement intérieur étant plus libre, mais structuré par le vers, généralement décasyllabe de coupe 4/6. Certains remanieurs terminent la laisse par un appendice, un petit vers. Quelques tentatives pour introduire un refrain restent isolées. La mélodie, de structure rudimentaire, devait suivre ces divisions élémentaires. Entre les laisses d'une même chanson, on distingue plusieurs procédés d'enchaînement ou de reprise ; parallélismes, chevauchements et retours des mêmes motifs freinent la progression du récit. L'évolution du genre épique, à partir des vies de saints et du lyrisme dont on voit les formes affleurer encore dans Gormont et Isembart, chanson de geste des xie-xiie siècles, va dans le sens d'une logique narrative : la laisse s'allonge pour constituer de longues tirades où se perdent les contraintes que justifiaient les conditions de la récitation. La présentation orale et mimée des jongleurs est remplacée par la lecture. Or, la laisse se justifie par la diction des jongleurs, accompagnée de musique, devant un public mêlé que l'on cherche à entraîner, à enrôler dans quelque entreprise religieuse, politique ou guerrière. La technique de la laisse sert la manœuvre opérée sur les passions des hommes.

— Daniel POIRION

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-Sorbonne

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